"Le fondement premier du pouvoir politique est une vie absolument exposée au meurtre qui se politise à travers cette possibilité même de la mise à mort". C'est par cette affirmation de Giorgio Agamben tirée de son livre Homo sacer, le pouvoir souverain et la vie nue, que l'on peut saisir la problématique centrale du surgissement de la souveraineté comme obscur mystère qu'il s'agit de dévoiler. Que le pouvoir politique soit lié à la possibilité de la mise à mort ne constitue pas en soit une thèse nouvelle.
L'originalité de la théorie d'Agamben réside dans sa manière de percevoir les modalités, les "dispositifs " à l'oeuvre dans la souveraineté, ainsi que dans son appréhension des raisons de l'existence de celle-ci, ce qui ne va pas sans l'interrogation des liens entre le sacré, la religion et le droit. Il s'agit alors pour lui de saisir l'ontologie du pouvoir, son paradigme, en ce sens il ne s'agirait pas d' "expliquer la modernité en la ramenant à quelque chose comme une cause ou une origine historique", mais "de rendre intelligible une série de phénomènes, dont la parenté avait échappé ou pouvait échapper au regard des historiens" (...)
[...] Maintenant je m'en vais et je la ferme. Dans Le procès s'ensuit une discussion sur cette histoire racontée par un prêtre et K., le principal protagoniste. L'ecclésiastique expose les différentes explications possibles de cette parabole qu'il rapporte selon les termes mêmes de l'Ecriture soutenant notamment qu'entre le fait de ne pouvoir accorder maintenant l'entrée dans la Loi et le fait de déclarer à la fin de la vie du paysan que l'entrée n'était destinée qu'à lui, il n'existe pas de contradiction. [...]
[...] L'homologie entre Dieu et le souverain se fait pour sa part en vertu de son pouvoir de créer l'ordre pacifié grâce à sa décision. L'état d'exception est alors localisable, il est lié à une prise de terre et s'applique donc à un territoire, à un Etat. Agamben, lui, au contraire de Carl Schmitt, affirme que l'organisation de l'espace est d'abord une prise du dehors (ex-capere) qui n'est pas localisable, tout du moins pas fondamentalement : en d'autres termes elle excède toute tentative de fixation territoriale et elle n'est pas visible dans le sens où le mythe politique permet de la cacher[25]. [...]
[...] Agamben, Le langage et la mort, p.186. Agamben ajoute que le faire de l'homme, autrement dit son œuvre, revêt dès l'origine une dimension sacrée propre au sacrifice : Que l'homme, l'animal doué de langage, soit, en tant que tel, le sans-fondement, qu'il n'ait de fondement que dans son propre faire (dans sa propre violence est, en effet, une vérité si antique, qu'elle est déjà à l'origine de la plus ancienne pratique religieuse de l'humanité : le sacrifice ; l'essentiel, autrement dit, comme l'enseigne l'étymologie, est que tout facere est sacrum facere. [...]
[...] Agamben, Homo Sacer, p.37. C'est cette structure de ban que l'on doit apprendre à reconnaître dans les relations politiques et dans les espaces publics où nous vivons encore. L'espace du ban la ban-lieue et la vie sacrée est, dans la cité, plus intime encore que tout dedans et plus extérieur que tout dehors. Elle est le nomos souverain qui conditionne toute localisation et toute assignation de territoire.» (Agamben, Homo Sacer, p.121.) Agamben, Homo Sacer, p.121. Le ban est consubstantiel à la fondation de la cité et précède donc tout rapport à l'étranger. [...]
[...] Que le pouvoir politique soit lié à la possibilité de la mise à mort ne constitue pas en soit une thèse nouvelle. L'originalité de la théorie d'Agamben réside dans sa manière de percevoir les modalités, les dispositifs à l'œuvre dans la souveraineté, ainsi que dans son appréhension des raisons de l'existence de celle-ci, ce qui ne va pas sans l'interrogation des liens entre le sacré, la religion et le droit. Il s'agit alors pour lui de saisir l'ontologie du pouvoir, son paradigme[2], en ce sens il ne s'agirait pas d' expliquer la modernité en la ramenant à quelque chose comme une cause ou une origine historique mais de rendre intelligible une série de phénomènes, dont la parenté avait échappé ou pouvait échapper au regard des historiens De la violence au fondement du pouvoir politique Afin de comprendre l'articulation logique de la théorie politique d'Agamben, il est nécessaire de partir de sa lecture de l'Ethique à Nicomaque (1097b 22 sq) d'Aristote qui pose le problème de l'œuvre de l'homme afin de déterminer le bien suprême comme objet de la science politique, en l'occurrence le bonheur. [...]
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