Une synthèse détaillée et claire des modèles de Tolérance et laïcité en France : leur histoire, leurs différences, les perspectives futures à travers le prisme de l'engagement voltairien dans l'affaire « Calas ».
[...] C'est donc un intérêt avant tout historique, même s'il est également philosophique et juridique, que revêt cette étude centrée sur l'affaire Calas. Car laïcité et tolérance sont les résultats, pour citer le théoricien Ferdinand Buisson, adjoint de Jules Ferry, du lent travail des siècles où les diverses fonctions de la vie publique les diverses institutions se sont peu à peu distinguées, séparées les unes des autres et affranchies de la tutelle étroite de l'Eglise Notre problématique sera la suivante : l'affaire Calas est- elle à la source du modèle de laïcité, ou de tolérance, à la française ? [...]
[...] L'Etat et la religion dans la France des Lumières : quel contexte historique, politique, juridique ? L'Edit de Nantes et sa révocation Lorsque l'affaire Calas éclate, en 1761, la situation du royaume de France est celle de la France toute catholique voulue par Louis XIV[3]. Dans cette France, fille aînée de l'Eglise catholique, la persécution contre les protestants, quoique incongrue par rapport à l'évolution européenne (on est assez loin de l'Inquisition et de l'obscurantisme médiéval), se prolonge jusqu'à la Révolution, avant laquelle elle n'est pas éradiquée, menaçant régulièrement ceux qu'on appelle les huguenots. [...]
[...] Le 15 octobre 1761, on procède à l'interrogatoire sur écrou de Jean Calas et de son fils Pierre. Les accusés soutiennent d'abord la thèse du meurtre par un inconnu puis, sur le conseil de leurs avocats, déclarent avoir trouvé Marc-Antoine pendu. Ils auraient d'abord eu l'idée de maquiller ce suicide en meurtre et menti aux enquêteurs pour épargner au défunt la honte d'avoir à subir des obsèques infamantes (comme c'était alors le cas pour les suicidés). Le 18 novembre 1761, une sentence des capitouls affirme la culpabilité des accusés. [...]
[...] Le 7 novembre 1732, Marc-Antoine, l'un des fils, est baptisé dans la religion protestante, dans la clandestinité. En 1756, un autre des quatre fils, Louis, se convertit au catholicisme. Le 18 mai 1759, Marc-Antoine Calas, reçu bachelier en droit, ne peut obtenir des autorités ecclésiastiques le certificat nécessaire à la soutenance des actes de licence. Le 24 janvier 1761, une lettre du subdélégué de Toulouse à l'intendant du Languedoc faisant état de la mauvaise volonté de Jean Calas à subvenir aux besoins de son fils Louis, converti au catholicisme, qui a quitté le toit familial. [...]
[...] La monarchie devait donc dans les faits tolérer un état civil clandestin. La philosophie des Lumières joue aussi un rôle non négligeable, les mentalités des élites évoluant. L'édit de Versailles[10] prend acte de l'existence des protestants et crée un état civil laïque pour les sujets du roi non catholiques. Il s'agit d'une reconnaissance de la liberté de conscience, mais pas de la liberté de culte : la tolérance n'est donc que partielle. Plus tard, la révolution ira plus loin dans la tolérance en garantissant la liberté de culte à tous les citoyens (c'est explicite dans la Constitution de 1791). [...]
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