L'âge adulte, autrefois âge central de référence, serait-il en passe de devenir une simple transition entre une jeunesse interminable et une vieillesse précoce ?

Résumé du document

L'âge adulte signait la véritable entrée dans la vie, ''l'accomplissement de l'idéal humain''. Moment d'émancipation par rapport à la tutelle de l'enfance, la personne devenait une référence pour les autres âges. C'était ''l'adulte étalon'', à la fois représentant de la norme de l'ordre moral et responsable de la reproduction des générations. A cette époque, l'adulte se définit grâce à plusieurs repères clairs :
- marié, des enfants
- un métier clairement défini et stable, avec la possibilité de mener toute une carrière au sein de la même entreprise (...)

Extraits

[...] L'adulte immature J-P Boutinet L'âge adulte, autrefois âge central de référence, serait-il en passe de devenir une simple transition entre une jeunesse interminable et une vieillesse précoce ? I. L'évolution de la place de l'adulte dans la société A. Une évolution en 3 phases 1. Jusqu'aux années 1960 L'âge adulte signait la véritable entrée dans la vie, ''l'accomplissement de l'idéal humain''. Moment d'émancipation par rapport à la tutelle de l'enfance, la personne devenait une référence pour les autres âges. C'était ''l'adulte étalon'', à la fois représentant de la norme de l'ordre moral et responsable de la reproduction des générations. [...]

[...] C'est la vieillesse qui finalement signe la fin claire du temps de la jeunesse : division nette avec le reste de la population, essentiellement via retraite. L'adulte souffre donc de sa situation intermédiaire entre une jeunesse en allongement perpétuel et une vieillesse nouvelle, le ''troisième âge''. De plus il doit se construire dans une société qui l'oublie au profit des autres générations aux besoins desquelles il doit subvenir. En ce sens la dichotomie des âges de la vie n'est qu'artificielle puisque l'adulte, par son rôle dans la société, demeure une figure centrale. [...]

[...] Ecole : allongement parallèle à la perte de sa capacité préparatoire. Finalement l'adulte, s'il veut rester compétitif et efficace, doit suivre une formation continue tout au long de sa vie professionnelle et au fil des ses reconversions. Il ne quitte donc jamais véritablement le statut de l'étudiant. Progrès : la vitesse du progrès confère un sentiment d'infériorité et d'être toujours dépassé. Indifférenciation : le conformisme ambiant empêche l'affirmation d'une singularité adulte. L'omniprésence de l'urgence : empêche la maturation des idées et donc des hommes. [...]

[...] Faible assistance et grande précarité : l'âge adulte est celui qui bénéficie le moins des différentes aides et la précarité n'est plus l'apanage des catégories professionnelles les plus basses. Remise en question permanente : tout étant mouvant, l'adulte peine à se construire, devant sans cesse se redéfinir. B. Vers une dichotomie des âges de la vie ? 1. L'allongement du temps de jeunesse Etudes : elles sont de plus en plus longues et souffrent d'être trop abstraite, retardant le temps où l'adulte se considère en tant que tel et peut s'identifier à un métier précis. [...]

[...] Ces difficultés pourraient justifier le choix de certains adultes de rester dans la sphère enfantine en prenant part au mouvement ''adulescent'', par refus d'affronter ces contraintes et envie d'être déresponsabilisé. B. Une perte de repères 1. Crise et fin des répères traditionnels de l'âge adulte Famille : individualisation des parcours et instabilité de la vie de famille font qu'il n'y a plus de norme à laquelle on pourrait se référer et que c'est un domaine de la vie susceptible de changer au cours du temps (augmentation du nombre des divorces mariage sur multiplication des familles monoparentales, familles recomposées . [...]