En fait, le développement d'une administration correspond à des impératifs de « taille », c'est-à-dire à des nécessités induites par l'extension d'une structure. Ainsi John Kenneth GALBRAITH, dans son ouvrage Le Nouvel Etat industriel analyse le développement, au sein des grandes entreprises, d'une « technostructure », sorte de bureaucratie, poursuivant ses objectifs propres à travers une véritable planification de l'économie. La bureaucratisation des affaires est donc un trait global du monde moderne mais elle représente essentiellement un caractère spécifique de l'Etat. En effet, si les affaires privées, idéalement, peuvent se mener sans bureaucratie, les affaires publiques, ne peuvent passer outre le relais d'une administration.
L'administration étant donc le moyen spécifique de la gestion publique, c'est essentiellement à la notion d'administration publique que nous nous intéresserons ici...
[...] La nouvelle gestion publique et le modèle marchand d'administration Le modèle marchand, développé notamment par l'Ecole du Public Choice, conteste la conception traditionnelle de la bureaucratie webérienne et tente d'offrir une alternative. Ce qui importe le plus, ce n'est pas la manière dont la bureaucratie sert la démocratie mais l'efficacité de l'administration en tant que mécanisme d'allocation des ressources. C'est de ce point de vue que l'administration bureaucratique est critiquée comme improductive, gaspilleuse et inefficace. La nouvelle gestion publique (New Public Management ou N.P.M.) sert justement cette nouvelle conception de l'administration en transférant les méthodes de gestion privée dans l'administration. [...]
[...] Il dispose de l'administration et de la force armée consacre cette rationalité instrumentale de l'administration. Composée de fonctionnaires nécessairement qualifiés (principe du concours) et neutres qui accomplissent leurs tâches sans haine et sans passion sans considération de personne (Max Weber, Economie et société, 1971), l'administration tire sa légitimité de sa subordination au politique qui oriente et contrôle ses activités. Elle est donc soumise à un double principe hiérarchique et de légalité. Si l'administration publique est spécifique en ce qu'elle constitue le visage même de l'Etat, elle est également le reflet d'une culture nationale plus vaste. [...]
[...] L'administration est donc par essence un miroir de l'organisation sociale, politique, économique et culturelle d'un pays. Aussi les changements survenus dans l'environnement socioéconomique français et plus généralement occidental sont-ils de nature à expliquer un mouvement de remise en cause du modèle bureaucratique d'administration, dont Weber considérait pourtant qu'il était l'ombre indépassable de la démocratie de masse (Economie et Société, Plon, 1971/1995, t.1.). Nous accordons beaucoup de crédit à cette idée selon laquelle l'administration recouvre une forte nature politique et représente un véritable enjeu pour la démocratie, ce qui nous conduit à conclure que malgré ces réformes nécessaires, le noyau dur de l'administration de type webérienne, dont le souci principal est la prévisibilité et le principe d'imputabilité, ne pourra pas être remis en question par le modèle marchand d'administration et la nouvelle gestion publique. [...]
[...] La rigidité de ce modèle culturel français est à l'origine de multiples dysfonctions et entraîne une mauvaise adaptation de l'administration et de ses missions. De plus, ces dysfonctions sont à l'origine d'un accroissement de la rigidité (cercle vicieux bureaucratique) jusqu'à ce qu'elle dégénère en crise ouverte ; d'où le mécanisme de changement par la crise. Ce modèle n'est pas spécifique à l'administration publique : on la rencontre également dans l'entreprise française caractérisée par les difficultés de communication entre travailleurs et patrons. [...]
[...] Cependant, la notion de réforme de l'administration publique n'est pas forcément nouvelle. On pense notamment au Messieurs les Ronds de Cuirs de Courteline (1893) et plus sérieusement à l'étonnante actualité des motifs de l'ordonnance du 9 octobre 1945 relative à la formation, au recrutement et au statut de certaines catégories de fonctionnaires ( dans laquelle le Général de Gaulle soulignait que le procès de nos administrations publiques est ouvert depuis nombre d'années [ ] La refonte de la machine administrative, qui s'imposait dès avant 1940 a tardé. [...]
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