Activité technique, dévalorisation, homme, perte, nature de l'homme, Marx, Bergson, Hegel, Kant
L'activité technique dévalorise-t-elle l'homme ? Peut-on considérer qu'elle causera sa perte ? Que sa nature en soit discréditée ? Ces questions peuvent a priori être justifiées. En effet, la technique, en tant que fondement de l'humanité et de la culture, a acquis dans notre société une telle importance et manifeste une telle puissance que la tentation est grande de voir en elle la cause de nos difficultés et de nos angoisses.
[...] Le travail est une activité consciente, réfléchie, qui suppose la représentation de fins à atteindre et, pour ce faire, la technique est un moyen nécessaire qui peut changer la nature même du travail. Le problème est alors de savoir si la technique, par sa complexité exponentielle, ne va pas rendre le travailleur dépendant de sa machine, voire le faire disparaître, remplacé par une machine-outil. En effet, la multiplicité des métiers impose des compétences variées et, jusqu'au XIX siècle, la collaboration des artisans, qui coopéraient ensemble pour fabriquer un objet. [...]
[...] En ce sens la technique n'est ni bon ou mauvaise, car c'est finalement l'usage bon ou mauvais de ce que fera l'homme de sa liberté, de ses choix. Ainsi, il serait sûrement préférable que l'homme régule l'usage de sa puissance technique, afin de mettre des limites et faire état de notre raison pratique. [...]
[...] Le travail est alors aliéné et l'homme y perd sa dignité, son humanité. Chacun a d'ailleurs en mémoire la scène des Temps Modernes où l'on voit Charlot prendre les boutons du manteau d'une femme pour des écrous à viser. Le travail à la chaîne fait ainsi de l'homme non le maître, mais l'instrument, le valet de la machine. De plus, cette division technique du travail conduit finalement à la disparition de l'œuvre en tant que projet réalisé par un homme ; il n'y a alors plus d'ouvriers, mais seulement des travailleurs qu'on oublie, car seule la chose produite importe. [...]
[...] Rien ne se fait immédiatement, il faut savoir attendre et refréner ses désirs pour les réaliser vraiment. Ainsi, en travaillant, l'homme ne dépend plus de la nature, il se transforme en prenant conscience de lui- même et de sa liberté. Celle-ci n'est donc pas seulement intérieure, car, grâce au travail, elle devient effective, pratique. De plus, comme nous le savons, l'homme est dénué de tout instinct, ce qui fait de lui l'être le plus doué, car ayant des pulsions l'homme est d'une grande plasticité, en d'autres termes il est éducable. [...]
[...] D'autre part, la technique est en réalité soumise à la volonté de l'homme, car celle-ci ne dépend que de lui. On peut alors prendre l'exemple de l'artisan. Celui-ci, commence par se former une représentation de ce qu'il va fabriquer puis réalise ensuite cette forme ou idée dans la matière. Celle-ci est là comme un réceptacle prêt à recevoir la forme que va lui donner l'artisan. Si, dans la nature, il n'y a aucune trace de fabrication, l'artisan doit lui aussi s'effacer et ne laisser aucune marque de son travail et de sa technique. [...]
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