Tout d'abord, il est nécessaire de distinguer l'activité de l'acte.
Une activité représente un ensemble d'actes, de travaux de l'être humain. Pour simplifier : ouvrir une porte constitue en soi un acte mais pas une activité, tandis qu'être portier est une activité. L'utilité et la valeur ont au sens commun une signification très similaire. Néanmoins il est important de les différencier: le terme valeur, du latin valor, signifie dans ce sujet l'estime que l'on porte à une activité, le fait que nous la considérions supérieure à d'autres. La valeur est donc ce que notre esprit estime. L'utile est ce dont on tire un avantage direct, qui a une fin précise et qui peut satisfaire les besoins de l'homme, notamment matériels. Il contribue au bonheur de l'homme (...)
[...] Ainsi, une activité inutile peut être conçue telle une activité ayant de la valeur. C'est même cette inutilité qui va donner toute sa valeur à l'activité. Plus une activité est désintéressée de tout but, de toute fin plus elle est valorisée. Ainsi, la philosophie représente, lorsqu'elle ne sert pas de moyen pour atteindre une fin (la note d'un élève par exemple, ou un gain d'argent), une activité strictement inutile et pourvue de valeur. C'est donc l'inutilité d'une activité qui fait qu'elle a de la valeur pour l'esprit. [...]
[...] Ne serait-ce pas l'utile qui enlève toute valeur à une activité ? III] L'utilitaire enlève toute valeur à une activité. L'utile nous oblige à faire une activité la plupart du temps: c'est parce que j'ai besoin d'argent que je vais exercer un travail, une profession qui sera certes, utile mais dépourvue de toute valeur. Tandis que l'inutilité d'une activité prouve qu'elle est entreprise de façon libre par l'homme, sans contraintes. C'est cette liberté dans l'activité, le fait qu'elle ne soit forcée par rien qui fait qu'elle possède une valeur. [...]
[...] La spéculation philosophique est inutile : elle n'aide pas à vivre. Il faut d'ailleurs pour philosopher, assurer tout d'abord des besoins matériels, élémentaires. Cependant, étant donné qu'elle n'a pour fin qu'elle-même, c'est qu'elle possède de la valeur. En effet, si elle ne possédait aucune valeur, et étant donné qu'elle est inutile, l'homme ne la pratiquerait pas. Ainsi, si une activité est pratiquée par l'homme et qu'elle ne lui est aucunement utile, c'est qu'elle a tout de même sa raison d'être: l'homme l'estime, lui attribue de la valeur. [...]
[...] Une activité inutile est dépourvue de valeur. A première vue, une activité inutile n'aurait aucune valeur. En effet, l'inutile d'une activité la rend superflue, elle sera une perte de temps. Une activité qui n'apporte rien serait ainsi dépourvue de valeur puisqu'elle n'amènera aucun résultat. En effet, le pragmatisme ne voit de la valeur que dans les résultats, dans le fait qu'une activité modifie le réel. Par définition, une activité inutile ne transformera pas le réel et serait donc dénuée de toute valeur. [...]
[...] Ainsi, l'utile nous éloigne du vrai, de toute valeur plus généralement. Par exemple dans l'art, l'utilité d'une œuvre d'art va nuire à sa beauté. En effet, le superflu, l'inutile attire l'attention sur le Beau de l'objet, son essence. Tandis que l'utilitaire la masque. On peut prendre pour exemple Fontaine, de Marcel Duchamp, œuvre d'art qui consiste en l'exposition d'un urinoir. Cet urinoir, sortit de son contexte prend une autre dimension: on ne voit plus son aspect utilitaire mais son essence, son esthétique. [...]
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