Cette interrogation sur l'éternité est fréquente et légitime chez les poètes et tous les hommes. En effet, dans la littérature on perçoit souvent un désir d'immortalité, une frustration comme inconsciente de n'avoir l'être que pour un temps, un désir de sortir du temps pour embrasser l'infini. Mais ce sentiment est littéraire, c'est une intuition que chacun essaie de communiquer par des mots, des analogies pour cerner au mieux cette idée fugace. La littérature en effet ne nous donne qu'une vision subjective et bien souvent intuitive de cette éternité. C'est par la raison qu'une approche plus objective et réaliste peut être faite. Les penseurs, comme les poètes, cherchent la vérité de l'éternité. C'est ce que nous allons tenter de faire dans cette étude. Nous pourrions utiliser deux voies pour entrer dans la connaissance de l'éternité : la philosophie et la théologie. Nous avons choisi la philosophie qui prend comme point de départ la réalité sensible objective.
Ainsi grâce à la raison, et plus précisément par la philosophie, nous tenterons de connaître « l'action de Dieu dans le temps du monde ». Pour cela, il faut savoir si Dieu existe, comment il existe, s'il agit et comment il agit… Nous avons dit que la philosophie prend comme point de départ la réalité sensible. Or, Dieu n'est pas sensible. On ne peut donc partir de lui, mais uniquement de ce que nous voyons autour de nous de façon certaine. C'est pourquoi nous partirons de la réalité sensible pour aller jusqu'à Dieu s'il existe, et de Dieu à son action si action il y a, dans une progression qui suivra toujours ce processus : du connu à l'inconnu. En effet, c'est toujours ainsi que l'on procède. Par exemple pour connaître ce que dit un texte il faut connaître la langue dans laquelle il est écrit. Mais Dieu n'est pas connaissable en soi, car nous ne connaissons pas la « langue » de Dieu. En effet, par la connaissance sensible nous ne savons rien de lui. Connaître c'est faire sien l'objet connu, car « la forme du connu est dans le connaissant »1. Donc on se heurte à des difficultés car il faut faire sien quelque chose qui n'a aucun point commun avec nous.
[...] Par contre nous avons aussi montré comment Dieu agit à chaque instant du temps du monde. Enfin, pour répondre à une question qui nous touche directement, nous nous sommes interrogés sur l'interaction de Dieu et de notre liberté. Pour cela nous avons, à partir de ce que nous connaissions de Dieu, démontré qu'il connaissait nécessairement nos actions futures. De ce point de départ, nous avons tenté de trouver une solution au paradoxe de la science de Dieu et de notre liberté. [...]
[...] Le mouvement est le passage du sol à la branche, le passage de la puissance à l'acte. Nous observons qu'il y a du mouvement dans le monde. Donc des choses qui passent de la puissance à l'acte. Pour passer de la puissance à l'acte, il faut soit se mouvoir soi-même, soit être mû par un autre. Or rien ne se meut soi-même. En effet, on ne peut pas être en puissance et en acte à la fois et par rapport au même mouvement. [...]
[...] III- La prescience de Dieu laisse-t-elle à l'homme sa liberté? Nous avons vu que Dieu agit à chaque instant du temps du monde de par son état d'acte pur. La première question qui vient à l'esprit à ce stade de la réflexion est : Dieu sait-il ce qu'il fait ? L'enjeu de la réponse est colossal. En effet, s'il connaît son action, il connaît chaque instant du temps du monde, ce qui aurait des conséquences très importantes. Partons du connu : En observant le monde, on s'aperçoit qu'il est composé de parties et que ces parties sont ordonnées. [...]
[...] Tout d'abord si le monde est pérenne, il y a une infinité de jours qui ont été écoulés jusqu'à aujourd'hui. Or, aujourd'hui rajoute un jour à l'infinité des jours déjà passés, et il est impossible d'ajouter une unité à un infini, sinon ce ne serait pas l'infini. De plus tout le passé a été futur à un moment sinon ce n'est pas le passé. Il y a donc eu un premier instant du monde sinon celui-ci n'existerait pas. Il ne semble pas qu'il soit possible que le monde soit pérenne. Imaginons que le monde ait eu un commencement. [...]
[...] En ce sens la science de Dieu est utile, mais balaye l'exemple du beau temps puisque celui-ci ne tient pas compte de la réalité de Dieu. Toutefois le problème de la liberté de Dieu se pose. Peut-il ne pas faire ce qu'il sait dans son présent éternel ? Pour répondre à cela on est tenté de chercher à savoir si Dieu sait ce qu'il fait ou bien s'il fait ce qu'il sait. Mais ces deux choses ne sont qu'une dans la mesure ou elles ont le même être. [...]
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