Notre société semble marquée par un double mouvement paradoxal. D'une part, une certaine désaffection vis-à-vis de la chose publique et de l'Etat, vivement critiquée. Et, d'autre part, des appels ponctuels à la présence de l'Etat. Dès lors, il est permis de se poser la question de la nécessité de l'Etat pour l'homme et la société. Mais peut-être convient-il d'expliciter ce qu'il est possible d'entendre par le vocable " Etat ". Gardons-nous, en premier lieu de confondre Etat et société. D'abord, parce que toute société ne constitue pas un Etat. Ensuite parce qu'il existe une différence entre gouvernants et gouvernés et que l'Etat désigne alors un pouvoir politique distinct. Dans l'Etat se retrouve plusieurs caractères : le monopole de la législation sur l'espace qu'il occupe, et la concentration du pouvoir décisionnel entre les mains d'un petit nombre.
On voit qu'à travers cette définition s'esquisse les apports et les limites de l'acceptation de l'entité étatique par le " on " c'est-à-dire l'homme , la société humaine. L'Etat apparaît dans sa duplicité : il est le détenteur d'un pouvoir d'exception, il est pour reprendre les termes de Carl Schmitt " le Statut par excellence " qui permet l'existence d'une société civile et régulée, mais en raison même du pouvoir supérieur dont il est titulaire, il représente peut-être un danger. Ainsi donc, et puisqu'il n'est pas exclu de dissocier société et Etat, nous verrons dans un premier temps que l'homme a besoin d'un Etat mais s'accommode mal des contraintes qui semblent lui être inhérentes. Puis, en considérant la possibilité d'une société sans Etat, nous verrons que l'homme démocratique a en fait besoin d'un Etat, mais d'un Etat à visage humain.
[...] Conclusion L'Etat reste la médiation la plus viable entre les gouvernés et les gouvernants s'il repose sur une base efficace. L'infériorité du gouverné face à la puissance étatique doit être contrebalancée par de solides verrous. Et, si ces gardes-fous s'avèrent insuffisants contre la tyrannie, l'homme peut exercer ce que Locke appel " l'appel au ciel " et qui n'est autre qu'un droit de résistance. C'est de cet Etat là que l'homme a besoin pour assurer son besoin fondamental de liberté et d'équité. Le pari de l'Etat n'est pas sans écueils, mais reste plus enviable que celui des utopies. [...]
[...] On pense aux thèses défendues par Marx, Engels mais aussi Lénine. Dans cette optique historique, l'Etat ne répond plus à un besoin de l'homme, il est un instrument d'exploitation qui concourt au maintien des inégalités qui lui ont donné naissance. Cette position, pour radicale qu'elle soit trouve néanmoins un écho diffus dans certains Etats contemporains pudiquement qualifiés de " kleptocraties Mais là où le bât blesse, c'est dans les conséquences de cette analyse, avec la disparition de l'Etat. Marx et Engels font grief aux anarchistes de ne pas de ne pas se soucier des modalités de l'élimination de l'Etat. [...]
[...] A l'instar d'ailleurs de la révolte anarchiste qui ambitionne de débarrasser l'individu du poids que l'Etat fait peser sur lui. Il semblerait alors que l'homme moderne finalement ne peut pas faire l'économie d'un Etat L'homme a vraiment besoin d'un Etat car c'est la solution qui répond le mieux à ses attentes. Il est nécessaire de se garder de la statôlatrie, de la divinisation de l'Etat, comme de la statophobie. L'Etat n'est pas tout pour l'homme, même si c'est certainement la forme qui garantit le mieux la satisfaction du besoin humain. [...]
[...] Les exemples de guerres civiles qui émaillent l'actualité et où le besoin d'un Etat efficace se fait sentir, semblent illustrer cette vision. L'Etat serait pour reprendre une formule hégélienne " le rationnel en soi et pour soi une sorte de " réalité efficace de l'idée morale Il s'agirait alors du cadre nécessaire à l'individu pour achever le processus de culture engagé par le passage de la famille à la société civile. Par, le général, l'universel qu'il produit l'Etat détacherait l'homme du monde des désirs et des forces. [...]
[...] L'homme a besoin d'un Etat, mais se heurte à la lourdeur du tribut que cette entité réclame L'Etat répond par le général au besoin de l'homme Par besoin, nous entendons la volonté de mettre un terme à l'état belliqueux de nature décrit par Hobbes. L'homme a besoin de se soumettre à une autorité supérieure, chargée de le garantir contre les violences individuelles en produisant des normes universelles. L'homme aurait besoin d'un Etat pour se sociabiliser et de se soustraire à la loi du plus fort. [...]
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