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« Ô, temps, suspends ton vol ! » Lamartine
Par nature, l'homme croit savoir ce qu'est le temps. Mais, tel le démontrait Saint Augustin, il suffit de s'interroger sur ce qu'est le temps pour se rendre compte qu'on l'ignore. Pourtant, la doxa semble tenir pour Vérité absolue que le temps avilit l'homme et le condamne chaque jour un peu plus à sa finitude. Chaque moment passé est un moment de plus vers notre fin. Qui n'a jamais rêvé de pouvoir arrêter le temps, y voyager, revivre des moments heureux que la mémoire ne saurait reconstituer avec exactitude, ou bien connaître l'avenir, au lieu de toujours l'imaginer ou l'espérer ? Vouloir échapper au temps présuppose que la vision relative au temps est dépréciative. Vouloir lui échapper signifierait qu'il nous gouverne. Cela suggère un rapport de force entre le temps lui-même et l'être humain, être soumis. Quelle est la source de la volonté ou du désir humain de vivre hors du temps ? Comment notre voyage dans le cours du temps peut-il être bénéfique, profitable à la condition humaine ? Peut-on nous affranchir du temps ?
[...] Libre à nous de prendre, de gagner, de perdre ou d'échapper à notre temps. Conclusion Ainsi donc, la peur ferait naître en nous le désir d'arrêter le temps, pris dans son élan intarissable d'éternité. Désirer échapper à son vol a bel et bien un sens dans la mesure où l'appréhension et la peur de l'inconnu sont naturelles chez l'homme. Là où se tient le caractère paradoxal du sujet, c'est que vouloir échapper au temps est regrettable dès lors que l'on prend conscience de sa fonction vitale et bénéfique. [...]
[...] III - Savoir reconnaître les instants hors du temps Nous affirmons parfois vouloir échapper au temps. N'y échappons-nous pas déjà au quotidien ? Le temps de la méditation Lors de la contemplation d'une œuvre d'art, par exemple, ou de la lecture d'un ouvrage, ou même lorsque nous rêvassons Ne plongeons-nous pas dans un autre monde, celui de l'artiste ? Cet instant où l'on voyage, tout semble s'arrêter enfin pour nous : le principe de réalité nous échappe. Il s'efface peu à peu pour laisser place au principe de plaisir, de l'imaginaire, du monde parallèle que l'on s'invente, que l'on se construit. [...]
[...] Le temps est souvent associé à l'eau, l'eau qui coule : celle d'un ruisseau ou d'un fleuve. Là non plus, pas de retour possible en arrière. Sous le pont Mirabeau, coule la Seine : le temps passe. L'eau coule inéluctablement et continuellement. L'eau qui est passée ne passera plus au même endroit, d'où la célèbre formule d'Héraclite : Nous ne descendons pas deux fois dans le même fleuve Telle l'eau, le temps poursuit son cours et nous ne vivrons jamais un même instant. [...]
[...] Il est unidirectionnel, ne progresse que dans un sens et nous pouvons sentir son passage : il laisse des traces. Par exemple, les marques de vieillissement, l'affaiblissement des capacités physiques, les changements apparents (rides, calvitie ) et biologiques (ménopause ) sont une forme d'avilissement due au temps. Là encore, des tentatives pour remédier à ces changements sont opérées, par le biais d'interventions chirurgicales, de la mise sur le marché de produits affirmant leur capacité à changer les apparences. Je fais dix ans de moins ! [...]
[...] En effet, selon Saint Augustin, seul l'homme perçoit trois temps dans l'univers. Ainsi, le temps est unique : il n'y en a qu'un, mais à nos yeux il existerait trois formes de présent. Le présent relatif au passé, c'est la mémoire, le présent relatif au présent, c'est la perception, les sens ou la concentration, et le présent relatif à l'avenir, celui que nous espérons dans l'attente, que nous pouvons parfois redouter, c'est l'anticipation. Ces trois formes de présent sont dans notre esprit, je ne les vois pas ailleurs remarquait Saint Augustin. [...]
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