Si la religion semble présente dans toutes les sociétés humaines, elle prend des aspects extrêmement différenciés : que peut-il y avoir de commun entre le catholicisme et une religion animiste ? Est-il possible de repérer, par-delà ces différences, des points communs définissant l'universalité d'une « attitude religieuse » ? C'est ce que l'on peut tenter de faire, mais en prenant garde que l'attitude en cause peut offrir deux dimensions : l'une, observable, concerne le comportement ; l'autre, intérieure, est relation avec le « divin » quelle qu'en soit la conception. Or, rien ne garantit qu'un comportement corresponde à une foi authentiquement vécue (...)
[...] C'est du moins ce qu'en affirme Georges Bataille. Dès lors, il importe que le profane se défende contre l'irruption du sacré. Et le rituel, qui fait communiquer les deux univers, aurait aussi pour fonction d'assurer l'intégrité du profane en n'autorisant l'accès au sacré que selon des codifications strictes imposant des conduites exceptionnelles. Dans sa compréhension tardive (dans les religions monothéistes), le sacré devient synonyme du bien, alors que le monde profane récupère, si l'on peut dire, tout le mal concevable (les hommes sont responsables de la crucifixion du Christ) Ce qui doit permettre de souligner que le divin n'est pas obligatoirement conçu comme bénéfique dans certaines religions anciennes (toutes les variantes du manichéisme), le divin est partagé en deux versants contraires, dont l'un symbolise le bien, et l'autre le mal Et dans certaines religions plus tardives demeure cette ambiguïté du divin, où résonne l'ambiguïté initiale du sacré lui-même à la fois fascinant et repoussant, attirant et terrorisant (on peut considérer, dans le christianisme, que la seconde figure de Dieu s'incarnant dans le Christ affirme sa bonté alors que sa figure paternelle le Dieu de l'Ancien Testament est moins aimable et beaucoup plus redoutable on passe ainsi d'un Dieu de vengeance à un Dieu d'amour) Conclusion L'attitude religieuse cherche à mettre le croyant en relation avec le sacré, ou avec le dieu qui l'occupe intégralement Mais cette relation n'a de réalité que pour le croyant, dans son intimité Dès lors se pose la question de ce que peuvent signifier, perçus de l'extérieur, les rituels et les prières Rien ne prouve qu'ils correspondent à une foi authentique et sincère Le repérage d'une attitude religieuse ne saurait garantir l'existence de cette foi. [...]
[...] Ces derniers extrêmement variables, remplissent tous la même fonction : ils facilitent le contact avec la sphère divine. Pratiques de purification, prières, sacrifices, mortifications, signalent qu'une transition est possible entre le monde humain et le monde du divin, bien que le fidèle ne puisse jamais se concevoir comme de plain-pied avec le divin. Une distance demeure toujours, que le rituel n'efface jamais en totalité, et confirme la réalité. Les rituels sont codifiés : il n'appartient pas à un fidèle de les inventer, ni de les transformer. [...]
[...] À quoi reconnaît-on une attitude religieuse ? Introduction Si la religion semble présente dans toutes les sociétés humaines, elle prend des aspects extrêmement différenciés : que peut-il y avoir de commun entre le catholicisme et une religion animiste ? Est-il possible de repérer, par-delà ces différences, des points communs définissant l'universalité d'une attitude religieuse ? C'est ce que l'on peut tenter de faire, mais en prenant garde que l'attitude en cause peut offrir deux dimensions : l'une, observable, concerne le comportement ; l'autre, intérieure, est relation avec le divin quelle qu'en soit la conception. [...]
[...] La croyance produit une tradition, qui signifie que le fidèle a pour tâche de s'inscrire dans un ensemble de propositions qui ne dépendent pas de son choix. Il s'élabore ainsi un ensemble de croyances, plus ou moins rigoureusement codifiées et détaillées, qui concernent aussi bien la nature du divin que la conduite qu'il convient d'avoir à son égard. Bien souvent vont alors s'imposer des spécialistes un clergé servant d'intermédiaires entre le divin et les fidèles. Dans ce contexte, il semble impossible que le divin soit d'abord découvert par le seul usage de la raison. [...]
[...] Aussi l'Eglise ne reconnaît- elle ses propres mystiques qu'avec beaucoup de précautions. L'expérience mystique est d'autant plus hors norme, relativement à l'attitude religieuse normale, qu'elle est sans doute, comme l'a souligné Bergson, impossible à transmettre et à faire comprendre. Elle représente dès lors une connaissance directe de Dieu qui ne peut être tenue pour exemplaire, ni même considérée comme pouvant enseigner quoi que ce soit aux autres fidèles. D'une certaine manière, elle fait vivre une confusion, ou une indifférenciation, entre le profane et le sacré. [...]
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