Lorsque nous pensons le corps, spontanément c'est sous la forme d'expressions telles que « j'ai un corps », « mon corps » etc. Il semble donc que nous opérions une sorte de distanciation vis-à-vis du corps, établissant du même coup un rapport de possession quant à ce dernier. Il y aurait donc en nous coexistence de deux substances distinctes, avec d'un côté le « je », substance pensante, et de l'autre le corps, entité agissante nous étant subordonnée.
Ainsi, dans l'expérience que nous faisons de notre corps, à première vue il nous apparaît comme nous étant à la fois commun et étranger, tel un instrument familier à notre service.
Ceci implique, dans le rapport que nous entretenons face au monde, la considération du corps comme étant une médiation, un véhicule entre nous et ce qui nous est extérieur, un outil d'expérimentation du monde. Mais, dans la mesure où il semble communément admis que nous ne sommes pas notre corps, il est probable que la perception que nous avons du monde, l'expérience que nous en faisons, nécessairement soient faussés par l'emploi d'une médiation qui nous est étrangère et qui, de ce fait, semble ne pas pouvoir nous offrir, nous permettre une expérimentation pure et complète de ce qui nous est extérieur.
Ne pouvons nous pas cependant penser le corps comme étant non seulement ce que nous sommes, mais aussi, en conséquence, ce par quoi nous sommes au monde ? N'est-il pas possible, à l'instar de certains philosophes du XXème siècle, d'aborder le corps comme n'étant pas, ou pas seulement, médiation ? Quelles conséquences cette transformation opérée quant à notre expérience du corps aurait-elle sur notre expérience du monde ?
Les enjeux introduits par ces questions sont essentiels, dans la mesure où elles nous conduisent à nous interroger sur ce que nous sommes véritablement, sur la façon dont nous nous abordons nous-mêmes, et sur la façon dont nous sommes au monde…
Car comment comprendre le rapport que de prime abord nous entretenons face au corps ? Comment expliquer notre expérience du corps ?
Quelles conséquences cela a-t-il sur la manière dont nous abordons le monde ?
Ne faut-il pas enfin y voir une vision à corriger si l'on veut retrouver la réalité de l'expérience du corps et du monde ?
[...] Quelles conséquences cette transformation opérée quant à notre expérience du corps aurait-elle sur notre expérience du monde ? Les enjeux introduits par ces questions sont essentiels, dans la mesure où elles nous conduisent à nous interroger sur ce que nous sommes véritablement, sur la façon dont nous nous abordons nous-mêmes, et sur la façon dont nous sommes au monde Car comment comprendre le rapport que de prime abord nous entretenons face au corps ? Comment expliquer notre expérience du corps ? [...]
[...] Expérience du corps, expérience du monde Lorsque nous pensons le corps, spontanément c'est sous la forme d'expressions telles que j'ai un corps mon corps etc. Il semble donc que nous opérions une sorte de distanciation vis-à-vis du corps, établissant du même coup un rapport de possession quant à ce dernier. Il y aurait donc en nous coexistence de deux substances distinctes, avec d'un côté le je substance pensante, et de l'autre le corps, entité agissante nous étant subordonnée. Ainsi, dans l'expérience que nous faisons de notre corps, à première vue il nous apparaît comme nous étant à la fois commun et étranger, tel un instrument familier à notre service. [...]
[...] L'expérience du corps est permanente. En effet, à chaque instant nous nous sentons vivre : nous avons faim, nous avons soif, froid etc. Mais ne faut-il pas voir là justement la preuve formelle que notre corps nous est étranger ? Car comment expliquer autrement cette sensation d'être parfois possédé par notre corps ? Notre corps en effet ne se rappelle jamais autant à nous que par l'expression d'un besoin qu'il nous faut impérativement assouvir. Notre corporéité ainsi nous impose certains actes, comme par exemple se nourrir, c'est-à-dire ce qui est mécaniquement nécessaire à sa survie. [...]
[...] En deuxième lieu, le corps ne correspond pas à mes attentes dans la mesure où il m'impose des critères physiques qui parfois ne nous agréent pas, nous repoussent même Le corps donc nous est étranger, les expériences que je fais de lui me le prouvent quotidiennement. Comment cela influe-t-il sur ma façon d'aborder le monde ? Quelles corrélations semblons nous devoir trouver entre d'une part l'expérience de ce corps qui n'est pas nous, et d'autre part l'expérience dans ce monde dans lequel nous vivons ? [...]
[...] Devons, pouvons nous vraiment considérer le corps comme une expérience frustrante, ainsi qu'un frein à notre expérimentation du monde ? Ne pouvons nous pas, au contraire, retrouver notre corps pour non seulement le voir comme étant nous, mais également comme nous permettant de fait d'être pleinement capable de faire l'expérience du monde ? Telle est l'idée que développent nombre de philosophes du XXème siècle, au nombre desquels Merleau-Ponty. Dans sa Phénoménologie de la perception, selon lui, la vérité de l'expérience du corps et du monde se trouverait dans le fait qu'il faille considérer non seulement notre corps comme n'étant pas autre, mais aussi le voir tel un nexus nous reliant au monde. [...]
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