autrui obstacle moyen morale conscience homme fins
Descartes, dans son doute méthodique, se demandait si les autres n'étaient pas simplement des "hommes-chapeaux", des automates. C'est à dire qu'il se demandait si les autres pensaient, comme lui, ou non. En effet, qu'est-ce qui me prouve que les autres pensent de la même façon que moi ? Et lui, existait-il vraiment dans le monde ? Oui, puisqu'il pensait ("je pense donc je suis"). Autrui est donc toute autre conscience que moi. Mais quels rapports avons-nous avec ces autres consciences ? Car elles sont tout autour de nous, nous entretenons même parfois des relations avec elles. Que représente autrui pour moi ? N'est-il qu'un obstacle ou un moyen, qui m'empêche d'arriver à mes fins ou, au contraire, qui me sert pour y arriver ? Autrui est-il seulement quelqu'un qui se trouve entre moi et mes fins ? Si non, que nous apporte autrui ?
Le problème soulevé par cette question est donc de savoir ce qu'est autrui pour moi, comment l'appréhender en tant qu'autre conscience pensante qui coexiste avec moi. Quel est mon rapport à autrui ?
Pour cela, il faut d'abord voir en quoi autrui peut-il être un obstacle ou un moyen. Puis, il faut se demander si autrui n'est, pour moi, que quelqu'un entre moi et mes fins. Enfin, il s'agit de s'intéresser à ce que autrui représente pour moi en tant qu'homme.
[...] Autrui n'est donc pas qu'un obstacle ou un moyen. Notre rapport à lui relève avant tout d'un chois que nous faisons et de la façon dont nous envisageons de nous comporter avec lui. Autrui n'est un obstacle ou un moyen que si je le considère comme tel, mais il n'est pas uniquement quelqu'un qui se trouve entre moi et mes fins. Tout comme je suis autrui pour quelqu'un d'autre, si l'on agit de façon morale il n'est plus question ni de moyen ni d'obstacle, et l'on a vu avec Lévinas que autrui, grâce à son visage, nous rappelle que nous nous sommes tous humains avant tout. [...]
[...] Comme on peut le voir avec l'exemple du trou de la serrure, dans lequel un homme qui se fait surprendre par un autre à regarder par le trou va être jugé d'un point de vue extérieur, et directement catalogué comme voyeur, alors que ses motivations étaient peut-être toutes autres. C'est donc le jugement que autrui porte sur moi qui est un obstacle. Comment va-t-il me percevoir ? Ce qui éveille parfois des sentiments tels que la honte. Dans ce cas, autrui est effectivement un obstacle puisque la peur de son regard, de ce qu'il va penser de moi, peut m'empêcher d'agir comme je l'entends. [...]
[...] On peut dire qu'un obstacle s'oppose à un moyen. En effet, dire qu'autrui est un obstacle ou un moyen, c'est dire que soit il nous empêche de faire quelque chose, soit il nous permet de faire quelque chose. Autrement dit, c'est classer toute autre conscience dans deux catégories bien distinctes. Or c'est une vision assez pessimiste d'autrui et du rapport que l'on a avec lui qui est présentée ici. Cela reviendrait à dire qu'il n'y a que moi et mes fins, et que les autres ne sont que des choses qui s'imposent entre. [...]
[...] Pour lui, dans le couple, l'autre n'est qu'un moyen. On fait tout pour s'imposer à lui, pour devenir tout pour lui. Il y a donc dans le couple un être dominant, qui se sent fort de l'amour de l'autre qui s'est écrasé pour lui. L'autre est alors un moyen pour se sentir valorisé, élevé dans le sens où l'on est parvenu à s'imposer à lui de façon totale. Ce qui n'est pas sans rappeler la « lutte à mort pour la reconnaissance » d'Hegel. [...]
[...] Dans ce cas, autrui n'est plus pour moi ni un obstacle ni un moyen. Mon acte est motivé par l'envie d'aider ou d'apporter quelque chose à autrui. Je ne chercher plus à m'imposer à lui, à le soumettre ou à le juger, mais à l'aider, le valoriser et le reconnaître en tant que personne. Mon rapport à autrui est alors totalement différent. Il n'y a plus uniquement moi et et mes fins, il y a aussi et surtout les autres. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture