Vivant, matière, esprit, intelligence, reproduction, hasard, matérialisme, thèse spiritualiste, biologie, science, corps humain, incarnation, pensée, mécanisme, René Descartes, vitalisme, Nietzche
Parmi tous les êtres, au sein de la nature, le vivant se présente comme un phénomène tout à fait spécifique, auquel nous participons. Hasard ou nécessité, le vivant est une configuration exceptionnelle qui demande des conditions d'existence extrêmement compliquées et fragiles. Mais de cette configuration particulière et étonnante naissent les plus puissants développements et notamment ceux de l'intelligence. Le vivant n'est donc pas seulement une partie de la nature, mais il est une ouverture à la réalisation de potentialités imprévues qui peuvent même s'opposer à la nature même.
[...] Comment analyser le vivant sans le perdre ? Les méthodes d'observation sont souvent insuffisantes. Il faut attendre la médecine expérimentale au XIX[e] siècle pour approcher véritablement le vivant d'après un système global (on pourra s'informer sur Hippocrate, Galien, Vésale, Claude Bernard et jusqu'aux textes de G. Canguilhem ou de F. Jacob). Mais une méthode telle que la biologie ne donne jamais accès qu'à un vivant organique, c'est-à-dire au corps matériel objectivé par la science. Or, mon corps ne se donne-t-il pas, d'abord à moi dans une expérience particulière et subjective, celle de l'incarnation ? [...]
[...] La question se pose alors du rapport de la vie à la matière : pourquoi ou d'abord comment la vie vient-elle de la matière et à la matière ? Comment la matière s'anime-t-elle ? La thèse la plus simple est celle du matérialisme et elle ne traite que de la question comment . Ainsi, la vie viendrait d'une production énergétique au sein de la matière. L'origine du vivant est explicable d'après ses conditions d'origine et de développement, et ne serait qu'un hasard qui aurait alors aussi bien pu ne pas se produire. [...]
[...] Pour se conserver, le vivant doit se reproduire. Il ne va donc pas de soi. Le vivant a pour fin de continuer, et cela par une activité. Soit par division cellulaire, soit par mélange des patrimoines génétiques, le vivant ne peut réaliser sa finalité qui est de vivre et de continuer à vivre (pour les êtres pluricellulaires) au-delà de la mort, par le moyen de la reproduction. La continuation de la vie, ou simplement le vivant n'existe pas d'après une loi de causalité, mais selon une finalité. [...]
[...] Sa finalité, on peut la nommer l'Esprit. Qu'est le vivant ? S'interroger sur le vivant soulève une difficulté épistémologique, car nous sommes tout à la fois l'objet et le sujet du vivant. Tout en nous interrogeant sur le vivant, nous sommes le vivant, et nous ne pouvons pas entièrement le prendre pour objet. C'est de plus parce que nous sommes vivants que nous nous interrogeons de manière cruciale sur cette manière particulière d'être. Non seulement nous cherchons à connaître le phénomène biologique du vivant, mais aussi à en expliquer le sens, c'est-à-dire à en révéler l'inexplicabilité. [...]
[...] C'est soit le cas pour certains hommes élus par la nature et qui ressentent la vie de manière puissante (le surhomme chez Nietzche), soit le cas pour les artistes : l'art intensifie la vie, la révèle, la fortifie (l'art dionysiaque selon Nietzsche). La critique que l'on peut faire à ce courant du vitalisme est que la vie équivaut ici à un chaos. La vie est le contraire de la raison. Pour retrouver la vie, il faut donc détruire l'ordre instauré par la raison dans le réel, il faut renoncer à l'idée de rationalité de la réalité. Soit la vie est au contraire d'une simple puissance le lieu d'une finalité. [...]
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