Une définition minimale du plaisir pourrait être la suivante : Le plaisir est une sensation ou une émotion agréable éprouvée par le sujet.
C'est une expérience singulière qui se réduit à la réalité du sujet ; et comme sensation le plaisir n'existe que dans le présent. Autrement dit, dans cet instant où un objet affecte le sujet. Pourtant, cette apparente unité n'est en réalité que nominale. Et ce la est explicite dans l'alternative suivante : le plaisir se définit comme un état dans lequel l'individu se réjouit. Toutefois reste à savoir quelle est l'origine de cette réjouissance : s'agit-il d'un manque qui est comblé ? D'une absence de peine ? De douleur ? Ce qui impliquerait que le plaisir s'inscrit dans la neutralité. Ou bien, s'agit-il d'un agrément qui s'ajoute à une activité ?
[...] Cela pose le problème suivant : comment expliquer que chez le même sujet il existe deux états contraires, à savoir l'expérience du manque, du vide, et la représentation d'une réplétion ? Il n'existe pas ici de contradiction parce que ces deux états renvoient à deux facultés distinctes chez le sujet, d'une part le corps qui dans l'instant présent produit une sensation de manque, et l'âme qui se représente un objet de plaisir qui lui permet de sortir de cet état de manque. [...]
[...] En ce sens, il s'agit d'une multiplicité qui est indéterminée puisqu'elle peut réunir en elle même deux qualités qui sont contraires. (exemple : lorsque l'individu a soif et qu'il boit en excès, sans mesure, ce mouvement réunit en lui plaisir et douleur et donc se contredit.) apeiron renvoi à l'accroissement et à la diminution, autrement dit, à une intensité à la fois relative (un objet à deux moments différents ne procure pas la même chose chez un individu) et variable (cette intensité n'est jamais constante) La critique de Platon réside dans cette indétermination qui caractérise le plaisir et qui fait qu'en n'obéissant à aucune mesure l'âme ne cesse de mourir puisqu'elle fait toujours l'expérience de l'insatisfaction. [...]
[...] Il s'agit en réalité d'un désir sans objet. Autrement dit, d'un désir qui ne connaît pas ce qu'il désire et qui a alors pour conséquence de construire des objets fictifs fondés sur un faux jugement et qui convertit le plaisir en douleur. En effet si le désir porte sur un objet construit par le seul sujet, une fois cet objet conquis, le sujet fait de nouveau l'expérience du vide, car l'objet a été imaginé selon les qualités que le sujet lui a données et non pas celles que l'objet possède. [...]
[...] Grâce à la mémoire l'âme conserve la trace de ce qu'elle a éprouvé ce qui montre que non seulement l'âme peut manifester une certaine dépendance par rapport au corps, par rapport au présent, mais surtout que c'est l'âme qui est au fondement du plaisir. Autrement dit le plaisir est un phénomène psychique. Cela n'est compréhensible qu'en introduisant la notion de désir. Saisir le plus possible et de la manière la plus claire le plaisir qu'éprouve l'âme indépendamment du corps, et en même temps le désir Platon, Philèbe 34c Comment s'articulent plaisir et désir ? [...]
[...] Face à ce manque, l'âme se représente un état, contraire à ce manque, qui puisse lui donner du plaisir. Puis cette représentation est possible grâce à l'intervention de la mémoire qui permet ainsi de faire tendre le sujet vers la restauration de son état naturel. En ce sens le désir se définit comme ce mouvement, cet effort, que l'individu manifeste pour passer d'un état contraire à un autre grâce à la représentation d'un bien qui est constitué par l'âme. Toutefois, le problème est que ce désir n'est que la recherche d'un état de plaisir et aucunement le désir d'un objet particulier. [...]
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