La technique,comme disposition à produire selon une représentation qui vaut comme fin, donc de manière téléologique (telos en grec signifie fin ou but), est une spécificité humaine. Elle est le signe d'une intelligence apte à saisir des rapports de causalité, à anticiper dans la représentation de la fin voulue les moments qui en sont la condition de réalisation, c'est-à-dire apte à se représenter et à ordonner les étapes nécessaires à la fabrication d'une chose ou à la production d'un effet. La main est pour Aristote le signe de cette intelligence fabricatrice, pratique. Elle est l'organe qui peut produire toute sorte d'effets en fonction de l'outil qui la prolonge (...)
[...] Il leur faut des humains bien dressés; elles en effacent peu à peu les différences et les rendent propres à leur fonctionnement régulier, à l'uniformité de leurs régimes. Elles se font donc une humanité à leur usage, presque à leur image” (Paul Valéry, Propos sur l'intelligence). La Machine serait-elle devenue notre nouveau dieu. En tout cas, le développement de la technologie qui s'est répandu dans tous les domaines de la production fournit un nouveau modèle de gouvernement rationnellement totalitaire en ce que lié aux impératifs de la domination technique. [...]
[...] Car on prête au commerce des vertus civilisatrices et la capacité de produire la paix entre les nations. Ainsi Montesquieu écrit dans L'Esprit des lois en 1748 : C'est presque une règle générale, que partout où il y a des moeurs douces, il y a du commerce; et que partout où il y a du commerce , il y a des moeurs douces ( ) Le commerce tend à effacer les préjugés et les animosités entre les peuples. Il adoucit et police les moeurs Ainsi l'expression nations policées employée par opposition à celles qui sont rudes et barbares deviendra courante dans le seconde moitié du XVIIIème siècle. [...]
[...] Loin d'être libératrice, la technique comme instrument du politique, devient au contraire source de frustration en légitimant une forme d'organisation qui ne peut être remise en cause quant à ses fins. La technique devient ainsi une forme universelle de la production matérielle, elle définit une culture, elle projette une totalité historique, c'est-à-dire un monde, auquel le individus sont assujettis tout en croyant participer à leur propre libération. Ils collaborent en réalité à un projet qui est celui de leur aliénation.”La rationalité technologique ne met pas en cause la légitimité de la domination, elle la défend plutôt, et l'horizon instrumentaliste de la raison s'ouvre sur une société rationnellement totalitaire” (L'homme unidimensionnel, Herbert Marcuse). [...]
[...] La technologie est-elle en train de tuer la liberté ? A l'heure où l'image impose son évidence et prévient tout espèce de distance et de conceptualisation, on peut en effet se poser la question. Que devient la culture lorsque est menacé de se rompre le fil de la transmission ? Les média imposent des codes sans mémoire, entraînent l'esprit dans le tourbillon d'une amnésie collective et rentable et font de toute chose un objet de consommation (l'artiste). L'époque moderne s'accompagne de la glorification théorique du travail et elle arrive en fait à transformer la société tout entière en une société de travailleurs. [...]
[...] Une telle transmission ne peut avoir lieu que parce que l'homme est d'abord un être de langage. Il faut souligner que cette transmission n'est pas seulement de l'ordre de la connaissance, mais qu'elle inclut également des manières de faire, des traditions, des récits fondateurs, des oeuvres d'art qui témoignent de ce qu'une culture peut avoir de plus universel et d'intemporel, des formes de religiosité, d'organisation politique, bref tout ce qui structure les rapports entre les individus et les rapports de ceux-ci avec la nature. [...]
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