1) Nietzsche considère que l'esprit critique, né avec la philosophie païenne grecque, dès Socrate, mène au nihilisme (doctrine de l'absurdité de l'existence) contemporain. La philosophie, puis la science, ne permettent plus de croire naïvement, et ont empoisonné l'imaginaire contemporain en rendant incapables les hommes de croyances amples, belles et solides.
2) Selon Nietzsche, le projet du siècle des lumières de libérer l'homme par la philosophie, la science et l'esprit critique de l'obscurantisme religieux et traditionnel est contradictoire. Le siècle des lumières et le rationalisme se croient antireligieux, et ne font que séculariser (déplacer dans le champ profane le contenu des doctrines religieuses en oubliant leur origine religieuse) des thèmes religieux et chrétiens. Nietzsche songe au bonheur universel avec l'avènement, par le progrès (moral, technique et institutionnel), d'un temps sans souffrance (sécularisation des temps derniers chrétiens). (...)
[...] Ce qui organise le cosmos, c'est la raison, qui est un dynamisme interne aux choses (très proche de l'élan vital chez Bergson). La raison qui dirige impérativement les choses et les vivants (par les lois physiques qui régissent leur nature et par l'instinct), et les mène à leur place sans leur donner la réflexion, se révèle à chaque homme dans son esprit où elle devient un guide. La nature se révèle donc à l'homme non sous la forme de l'instinct (agir par instinct ce n'est pas agir conformément à notre nature humaine), mais sous forme de la raison, qu'il faut consulter sans cesse pour savoir que faire de sa vie en chaque circonstance. [...]
[...] C'est à un scientifique, par une procédure d'expérimentation ou d'observation statistique, d'en examiner la prétention à la vérité. Chacun à sa place. La signification d'une phrase dénotative (théorique ou descriptive) c'est sa procédure de test. En effet décrire, c'est exposer une image du réel dans l'ordre du langage, mais c'est aussi indiquer la procédure par laquelle, en regardant, touchant ou mesurant, on va pouvoir tester l'énoncé (qui s'avérera après test, vrai ou faux). Comme les phrases théoriques ne font que résumés de longues phrases descriptives, les phrases théoriques ont, elles aussi pour signification leur procédure de test (dire d'un enfant qu'il est fainéant, c'est dire que mis dans telle situation on l'observera prendre telle attitude). [...]
[...] En effet, la matérialité (les lois immanquablement répétitives de la physique et l'extériorité réciproque des parties matérielles), le souci vital (qui pousse à l'acquisition de routines instinctives ou acquises), le conformisme social (rendu nécessaire par l'intérêt vital du groupe) introduit dans le réel, une pente concurrente à l'unicité, le relié, le mouvant. Mais le général, le séparé, le figé, sont toujours contrebalancés par le principe inverse, auquel le souci vital, l'habitude, le conformisme (et le langage) nous rendent aveugle. Chacun perçoit le réel au travers des catégories conceptuelles fournies par le langage. Ce qu'on sait nommer, on s'habitue à le voir. Ce qu'on ne sait pas nommer, on finit par ne plus le voir. [...]
[...] Ces contenus mentaux propositionnels sont soit vrais soit faux. Il suffit de les soumettre à l'examen de la raison, avant de se précipiter, dans une adhésion. Le contenu de la représentation ne dépend pas de nous, mais notre approbation ou notre désapprobation à la représentation dépend de nous. La raison permet toujours de décider. On désire une situation parce qu'on adhère à la représentation qui nous suggère que cette situation est un bien. On fuit une situation parce qu'on adhère à la représentation selon laquelle cette situation est un mal. [...]
[...] Le pluralisme d'un régime de liberté où l'on discute, permet le choix serein, conscient et motivé d'opinions et d'attitudes. Dans cet espace de liberté, la possibilité pour chacun de faire des expériences de vie et de discuter avec autrui, permettra collectivement aux hommes de converger vers les opinions vraies et les attitudes et activités utiles et épanouissantes. Les opinions et attitudes s'apprennent donc par l'expérience de vie et la discussion, plus que par l'enseignement d'un discours d'autorité ou par un dressage. [...]
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