Mais, la solidarité peut également aujourd'hui se comprendre, par la mise en oeuvre de mesures concrètes, l'idéologie de la solidarité servant de base aux « politiques de solidarités » (conception de la solidarité qui n'est apparue qu'à la fin du XIXème siècle avec l'apparition d'une véritable idéologie : le « solidarisme ») (...)
[...] II La notion de solidarité de la fin de la seconde guerre mondiale à aujourd'hui - La notion de solidarité : de la reconnaissance à sa dénaturation après la seconde guerre mondiale Après la seconde guerre mondiale, la solidarité est élevée au nombre des principes fondamentaux dont se réclame le droit public français (préambule de la Constitution de 1946). Le nouveau système de sécurité sociale est quant-à lui, d'après les termes de l'ordonnance du 4 Octobre 1945, fondé sur le principe de la solidarité nationale La solidarité est alors érigée en dogme incontestée. Cependant, cette reconnaissance n'est pas dénuée d'équivoque. [...]
[...] S'impose alors la nécessité d'une solution nationale, solution qui se traduirait en termes législatifs. Pour la Rochefoucault-Liancourt, président du comité de mendicité chaque homme ayant droit à sa subsistance, la société doit pourvoir à la subsistance de ceux de ses membres qui pourront en manquer et cette assistance ne doit pas être regardée comme un bienfait mais un devoir qui ne doit pas être avili ni par le nom, ni par le caractère de l'aumône ; enfin, elle est pour la société une dette insolvable et sacrée Cependant, en échange de ce droit, la société a le droit de réclamer à celui qui en bénéficie, son travail. [...]
[...] Le rôle de l'Etat est de donner corps à l'idée de solidarité par l'institution de dispositifs appropriés. Par là, le solidarisme confère à l'Etat républicain une nouvelle légitimité : il permet en effet de dépasser la contradiction entre le principe théorique d'égalité et la persistance de fait d'inégalités sociales. Ainsi, selon J Donzelot, dans L'invention du social par la mise en œuvre de la solidarité, la République se met au service du progrès de la société et l'Etat trouve là sa mission C'est sur le fondement nouveau de la solidarité que seront bâties les grandes lois d'assistance, qui admettent l'existence d'une obligation sociale à l'égard des plus démunis et d'un droit corrélatif de ceux-ci à bénéficier d'une aide. [...]
[...] Tout d'abord, cette promotion de l'idée de solidarité s'accompagne d'une perte de son sens et d'une banalisation de son usage. S'est en effet progressivement installée une solidarité de type horizontale caractérisée par la substitution de mécanismes de protection collective à l'ancienne idée de prévoyance individuelle. On assiste ainsi à un élargissement des cadres dans lesquels s'organise la solidarité Laroque). Victime de son succès, la solidarité tend à devenir une simple référence rituelle, servant à légitimer les politiques sociales, mais dont le contenu conceptuel et les implications pratiques sont faibles. [...]
[...] Ainsi par exemple, Ledru-Rollin plaidant pour l'inscription du droit au travail dans la constitution s'est opposé à Thiers, partisan d'une politique de lutte contre le chômage, mais refusant de reconnaître le droit au travail. La question des rapports du socialisme et de la démocratie se sont posées, lors de ces débats, directement. Une nouvelle philosophie de la solidarité La seconde génération républicaine (avec comme initiateurs E Durkheim, L Bourgeois, A Fouillée) tente alors de surmonter les contradictions du passé en formulant une nouvelle philosophie de la solidarité. [...]
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