Deux principales thèses s'opposent quant à l'origine des sociétés. Pour Aristote, notamment, l'homme est par nature un être qui vit en société. L'homme existe d'emblée dans cette réalité politique, c'est-à-dire sociale. Cette nécessité est d'ordre économique puisque l'homme isolé ne pourrait ni subvenir à tous ses besoins ni se reproduire pour pérenniser l'espèce humaine. Ainsi, on comprend que, pour Aristote, ce n'est pas par contrainte que les hommes s'associent mais par nature. Il définit l'homme comme un "animal politique", c'est-à-dire que tant qu'il ne vit pas dans la communauté politique, c'est un être inachevé. Il n'y a donc pas d'état pré-social ; l'homme se pense à partir de la société qui est le fait premier. C'est dans la société que l'homme réalise son essence humaine, ses potentialités.
Selon le contractualisme, au contraire, la sociabilité n'est pas naturelle mais volontaire. Les philosophes supposent alors un état de nature, cet état est une fiction qui permet de concevoir comment l'homme vivrait s'il était affranchi de tout lien social contraint, entièrement libre, et de décrire ce que devrait être l'état social. Pour Rousseau, auteur du Contrat Social, l'individu à l'état de nature est naturellement bon et mène une vie idyllique, sans contraintes, sans lois. Guidés par ses instincts naturellement bons, l'homme trouve le bonheur dans une vie frugale et simple. Mais il n'est doué ni de raison, ni du langage, ni de morale - qu'il possède potentiellement - mais qu'il ne peut acquérir qu'au contact des autres. Le passage de l'état de nature à l'état social est donc nécessaire pour que l'homme se développe et se perfectionne.
De la même façon, Hobbes refuse catégoriquement l'idée d'une sociabilité naturelle de l'homme. Si les hommes en viennent néanmoins à former des États, c'est seulement parce qu'en vertu d'un calcul de la raison, ils jugent que leur situation est intolérable et que dans leur intérêt particulier, il vaudrait mieux que chacun se défasse d'une partie de sa puissance et la transfère à un souverain. Telle est la source du pacte ou contrat social. L'origine de la société est ainsi purement artificielle (...)
[...] - Qu'est ce qui permet à la société de progresser ? Selon Kant, l'égoïsme est paradoxalement source de progrès ; c'est ce qu'il appelle l'insociable sociabilité des hommes, c'est-à-dire leur penchant à entrer en société, lié toutefois à une opposition générale qui menace sans cesse de dissoudre la société Mais alors, pourquoi cette opposition entre les hommes est-elle source de progrès pour la société ? C'est parce qu'elle suscite le désir de se dépasser eux-mêmes, de cultiver leurs facultés en eux ; elle éveille toutes les forces de l'homme et favorise le développement de ses disposition naturelles Kant démontre ainsi que cet équilibre permet non seulement à la société de perdurer mais aussi de se développer en stimulant l'émulation entre les hommes. [...]
[...] Le passage de l'état de nature à l'état social est donc nécessaire pour que l'homme se développe et se perfectionne. De la même façon, Hobbes refuse catégoriquement l'idée d'une sociabilité naturelle de l'homme. Si les hommes en viennent néanmoins à former des États, c'est seulement parce qu'en vertu d'un calcul de la raison, ils jugent que leur situation est intolérable et que dans leur intérêt particulier, il vaudrait mieux que chacun se défasse d'une partie de sa puissance et la transfère à un souverain. Telle est la source du pacte ou contrat social. [...]
[...] Or, selon Popper, pour permettre l'accomplissement de l'individu au sein de la société la clôture doit se substituer à l'ouverture, le caractère statique à celui dynamique. La société ouverte permet aux individus d'être confrontés à des décisions personnelles, elle laisse une place à la discussion, au débat, à la réfutation des idées, celle dans laquelle aucun savoir ou opinion ne peut prétendre à l'exclusivité. La société peut donc être un milieu favorable à l'accomplissement de l'individu et à l'épanouissement des hommes qui développent ainsi leurs compétences en s'associant aux autres. [...]
[...] Tous les sentiments altruistes sont bannis ou plutôt ils sont inutiles, ils ne définissent en rien le mode de fonctionnement de cette société. Mais comment une société peut-elle se développée lorsqu'elle n'est fondée que sur des actes égoïstes ? La réponse de Smith est décisive : la société des échanges assure mieux l'intérêt collectif qu'une société fondée sur l'altruisme. Elle fait donc beaucoup plus que présenter les réquisits minimaux d'une société ; elle en est la forme optimale. C'est ainsi que la somme des intérêts particuliers se transforme en intérêt général. Comme Kant, Adam Smith démontre que la concurrence assure l'association. [...]
[...] La société moderne a oublié cette distinction et ne se préoccupe plus que du monde de la production, asservi au travail. N'ayant plus d'aspirations créatrices ni politiques, nous vivons dans la médiocrité et l'asservissement. L'homme devient alors un animal laborans dont la finalité est l'abondance et la consommation. Ce danger d'anéantissement vient du fait que l'animal laborans a aussi envahit la sphère du politique. Contrairement à Marx qui y verrait plutôt une phase de désaliénation, Arendt y perçoit le danger suprême. Pour certains philosophes, la société fait naître la violence et peut ainsi s'autodétruire. [...]
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