La question, posée ainsi, ne peut que surprendre : elle part en effet du présupposé que la science, que l'on oppose généralement à la croyance, pourrait ne pas être une croyance. C'est cela qui frappe : il est clair, à première vue, dans l'esprit de chacun, que la science se distingue de la croyance ; et l'on s'attendrait donc plutôt à une question d'une autre nature, telle que « La science peut-elle être considérée comme une croyance ? » On comprend ici déjà mieux. Les dictionnaires définissent en effet la science, au sens moderne ou on l'entend à partir du 17ème siècle, comme une connaissance qui repose sur des critères précis de vérification permettant une objectivité des résultats, alors que la croyance est au contraire une adhésion, un assentiment à une idée, une proposition, une affirmation…sans preuve. Ainsi, comment peut-on même avoir l'idée d'assimiler les deux termes ? Que peut donc signifier ces association ? Si la question se pose malgré tout, c'est que les définitions des deux termes sont à préciser : « La science est-elle autre chose qu'une croyance ? » implique nécessairement de distinguer différents types de croyances mais aussi d'analyser les fondements, les objectifs de la science et de définir celle-ci plus précisément afin de la comparer à une croyance, ou à un objet de croyance : voilà encore deux notions qu'il conviendra d'analyser plus en profondeur. Ainsi la science semble avoir balayé les interprétations mythiques des phénomènes naturels. Ces croyances seraient-elles alors simplement remplacées par une autre croyance ? Mais dans quelle mesure ? Et si nous répondons négativement à la question posée, quel type de croyance est-elle ?
[...] Si la question se pose malgré tout, c'est que les définitions des deux termes sont à préciser : La science est-elle autre chose qu'une croyance ? implique nécessairement de distinguer différents types de croyances mais aussi d'analyser les fondements, les objectifs de la science et de définir celle-ci plus précisément afin de la comparer à une croyance, ou à un objet de croyance : voilà encore deux notions qu'il conviendra d'analyser plus en profondeur. Ainsi la science semble avoir balayé les interprétations mythiques des phénomènes naturels. [...]
[...] Elle a certes balayé les interprétations mythiques des phénomènes, mais ces croyances n'ont-elles pas, finalement, été remplacées par une nouvelle forme de croyance ? La science elle-même ne constitue-t-elle pas une nouvelle forme de croyance ? C'est le terme de foi qui relie science et croyance. Il est possible de dire je crois en la science j'ai foi en elle Ici, je suis confiant, je place mes espoirs dans la science, je crois en elle au sens où je crois qu'elle réussira à faire connaître la vérité aux hommes, à faire tendre l'humanité vers le plus haut progrès. [...]
[...] Mais cette connaissance ne doit-elle pas être remise en question ? L'expérimentation ne nous donne pas une connaissance, mais tout au plus la répétition d'une succession de faits. Rien ne nous prouve que, si jusqu'à maintenant le soleil s'est toujours levé, il se lèvera nécessairement demain. Pourtant, nous sommes portés à le croire, du fait de l'habitude, l'accoutumance, car nous supposons qu'une même cause produira toujours le même effet, nous supposons que le passée fait règle pour l'avenir. L'argumentation de Hume élabore ainsi un rapprochement certain entre science et croyance, mais ce n'est pas le point sur lequel nous voulons insister. [...]
[...] Rien ne nous prouve en effet que le vrai est plus utile et plus valable que le mensonge. Pourquoi donc rechercher la vérité ? Non seulement il n'est pas sûr qu'elle existe, mais en plus, dans sa démarche et sa volonté de découvrir la vérité, la science a un caractère simplificateur, une volonté de mathématiser tout le réel, qui est une exigence de notre esprit. Car, en ce qui concerne maintenant les sciences expérimentales, nous présupposons un ordre dans la réalité, un déterminisme mécanique, l'existence de lois constantes ; et, afin de découvrir leur ordre, nous réduisons les qualités sensibles à des quantités mesurables. [...]
[...] Envisageons d'admettre que la science n'est pas fondée et n'est qu'une croyance : n'est-elle pas la meilleure, la plus digne de confiance et celle dont le potentiel à faire tendre les hommes vers le progrès reste le plus sûr ? Pourquoi ? Analyser la science comme, finalement, une simple croyance, comporte le risque de trop douter. Descartes en effet, dans le Discours de la méthode, suppose l'existence d'un malin génie susceptible de nous induire en erreur chaque fois que nous pensons. Et ce doute suffit à transformer un manque de justification (dans notre cas pour l'existence de la vérité) en une absence totale de justification. [...]
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