Comme l'affirme M. Imboden dans Rousseau und die Demokratie, « tout comme Montesquieu est le créateur de la théorie de séparation des pouvoirs, Rousseau est dans la pensée collective le créateur de la théorie de la souveraineté populaire ».
Jean-Jacques Rousseau fait partie du courant des Anciens, tel que défini par Benjamin Constant. Comme il l'écrit dans les Confessions, il a été fortement influencé par les auteurs antiques, « constamment préoccupé par Rome et Athènes », vivant au fil de ses lectures « au milieu de ces grands hommes ». Commencé en 1752, publié en 1755, le Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes est une réponse à un sujet de l'Académie de Dijon (qui avait déjà décerné un premier prix à Rousseau en 1750 pour son Discours sur les sciences et les arts) intitulé : « Quelle est l'origine de l'inégalité parmi les hommes et si elle est autorisée par la loi naturelle ? ». L'ouvrage est introduit par une préface de l'auteur mais aussi par une dédicace, « à la république de Genève » (...)
[...] Puis, nous nous intéresserons à la rupture avec l'égalité naturelle avant de terminer en analysant la mise en place d'une souveraineté démocratique et sa dégénérescence. I. L'état de nature chez Rousseau : indépendance et paix 1. L'homme : un animal indépendant et conscient de son existence Dans l'analyse de Rousseau, tout animal serait une machine ingénieuse dotée par la nature des facultés nécessaires à sa survie et à la perpétuation de l'espèce. L'homme sauvage, qui a pour unique soin sa propre conservation, possède en conséquence des facultés ayant pour objet principal l'attaque et la défense. [...]
[...] Ainsi, les plus puissants, les plus fortunés n'estiment les choses qu'ils jouissent qu'autant que les autres en sont privés, et que, sans changer d'état, ils cesseraient d'être eux si le peuple cessait d'être misérable Sous une concorde apparente transparait une division réelle par cette extrême inégalité de conditions, contraire au bonheur et à la vertu. Au sein de ce désordre, le despotisme parvient à s'immiscer et à faire plier la loi et le peuple. Dépourvu de sa liberté, celui-ci devient esclave, seule lui reste l'obéissance comme vertu. Il s'agit là du dernier terme de l'inégalité : tous les particuliers redeviennent égaux dans le sens où ils sont tous anéantis par un pouvoir despotique. [...]
[...] Rousseau considère cette avancée comme une première révolution dans l'évolution humaine. Les familles s'établissent et se distinguent en même temps qu'apparaît une forme première de société. Se développe ainsi l'habitude de vivre ensemble, qui est à l'origine de la naissance des plus doux sentiments humains : l'amour conjugal et l'amour paternel La proximité des familles rapprocha encore l'espèce humaine, et entraina la production de sentiments de préférence entre les hommes. L'estime publique les dirigea alors vers l'inégalité et le vice, en opposant la vanité et le mépris des plus forts à la honte et l'envie des plus faibles. [...]
[...] Une fois les propriétés réparties, il n'est plus possible d'accroître ses biens sans menacer ceux d'un autre. Riches et pauvres rivalisèrent alors d'avarice, d'ambition et de méchanceté pour tenter, pour les uns, de défendre leurs biens et d'en acquérir de nouveaux, pour les autres, de subtiliser ces biens à leur profit. Rousseau rejoint alors Hobbes en théorisant un état de guerre, mais celui n'est pas l'état de nature, il ne s'agit que d'une des conséquences de la sociabilisation de l'homme, le fruit de ses passions et non pas de ses penchants naturels. [...]
[...] L'instinct de survie humain les pousse à mettre fin à cette situation par tous les moyens. Or la guerre permanente suppose des relations permanentes. Pour Hobbes, l'orgueil est la cause principale de cette guerre naturelle qui règne entre les représentants de l'espèce humaine. Hobbes, selon Rousseau, aurait commis l'erreur de considérer comme étant naturels des besoins développées par la société, qu'il considère comme étant de multiples passions fruits de la société Se suffisant à lui-même, l'homme à l'état de nature est protégé de toute passion, ignore le vice, ce qui l'empêche de mal faire. [...]
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