Selon Malraux, certains objets (initialement définis par leur fonction religieuse) se sont métamorphosées pour revêtir à nos yeux une dimension esthétique. Nous sommes sortis de « l'imaginaire de vérité », c'est-à-dire de l'époque où un crucifix apparaissait comme une manifestation d'une réalité plus haute. Ainsi vivons-nous désormais dans un « imaginaire de fiction », dans un monde qui ne pense plus véritablement le caractère sacré du lien qui unissait objets et fonction de ces objets. C'est donc en surgissant d'une désacralisation du regard que la notion d'oeuvre d'art en tant que source de plaisir esthétique a trouvé un sens.
Ce phénomène de « métamorphose des dieux » ne doit pas être ignoré de celui qui s'interroge sur le concept de religion. Il permet de comprendre que la religion ne peut être objet de réflexion que si l'on est sorti d'un monde où le religieux est la dimension centrale de la structure sociale (...)
[...] La consécration de la république laïque en 1946 Si la république a pu s'imposer comme modèle d'organisation politique, c'est qu'elle a su faire triompher tant l'idée de tolérance religieuse que celle de la séparation de l'Eglise et de l'État. Constitutifs de la laïcité, ces deux principes sont eux-mêmes intimement liés. L'idéal d'égalité ne saurait se passer d'une indépendance totale de l'État vis-à-vis de la religion. L'indivisibilité de la république et de la laïcité est confirmée dans l'art premier de la constitution de 1946. Le sacre de la république ? [...]
[...] Le monde du sacré où la réalité s'imposait du dehors à l'homme a disparu. Désormais, l'humain produit sa propre réalité. Le sacré aujourd'hui transposé dans l'art Tout sentiment du religieux n'est pas éteint. Il ne gouverne plus notre rapport au monde, mais il se retrouve au moins dans l'art. L'art serait un moyen de retrouver le sentiment du sacré. L'homme moderne a conservé le besoin de se référer à une réalité supérieure qui lui échappe. L'art offre ainsi des exemples dans lesquels les œuvres nous placent dans des états de confusion. [...]
[...] Cette description de la post-modernité ne fait qu'aller au bout du raisonnement de Tocqueville. Des sociétés atomisées, dans lesquels les individus sont repliés sur leur sphère privée, ne peuvent qu'enjendrer des États pesants qui n'ont d'autres sens que de fournir aux citoyens-individus des prestations auxquelles ils estiment avoir droit. Ces mêmes sociétés semblent donc habitées par une contradiction majeure. D'un coté, la loi de la majorité s'exerce dans tout son absolu, quitte à imposer à tous la pauvreté intellectuelle et esthétique de certains. [...]
[...] Politiquement, l'autorité du souverain se fonde sur le lien privilégié qu'il entretient avec le divin. Le roi est le représentant de dieu sur terre. Après la chute de l'empire romain d'occident l'alliance entre le pouvoir spirituel et le temporel est consacré par le sacre de Clovis à Reims. Dès lors, l'église catholique romaine a l'ascendant sur les souverains d'Europe, le pape ayant le droit d'excommunier les rois, de lever l'obéissance des sujets si les décisions papales ne sont pas respectées. [...]
[...] D'où la contradiction périlleuse du modèle iranien, une société où modernité et tradition sont imbriquées dans une dénonciation mutuelle. Dans les pays occidentaux 1. Le risque individualiste L'occident n'est pas non plus étranger à toute critique de la modernité. Du XVIIIe au XXe siècle, un effort constant d'arrachement aux traditions, aux croyances ou à l'emprise du religieux a été observé dans le monde occidental. Il s'agissait alors de promouvoir un idéal humaniste de progrès des connaissances, des techniques et des rapports sociaux. [...]
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