Le rapport entre la philosophie et la théologie au Moyen Age

Résumé du document

Au cours du Moyen Age une des questions majeures des penseurs chrétiens était celle du rapport entre la philosophie et la théologie. Ce problème s'inscrit dans la trame de l'histoire et dans différents milieux, et implique donc des inculturations (successives). Les protagonistes de cette histoire étaient de plus les héritiers de la philosophie patristique – comprenons : l'ensemble des vérités révélées et des dogmes élaborées par les Pères de l'Église – et notamment de S. Augustin. C'est une autre parole du saint évêque qui servira souvent comme boussole : « il faut comprendre pour croire et croire pour comprendre »

Extraits

[...] S'adressant à d'autres, il appelle à convertir la culture profane par la foi et donne à la philosophie le rôle de servante de la théologie, dans la Lettre sur la toute- puissance divine. Toutefois, la façon dont il s'en servit pour développer sa réflexion dans le conduit certain à demander s'il ne voulait pas simplement montrer que la pure dialectique finit dans l'impasse et que le secours est dans la foi seule. Bérenger de Tours joua un rôle central à l'École-cathédrale de Chartres et au-delà par son utilisation de la dialectique en théologie. [...]

[...] Thomas d'Aquin, en se fondant sur l'articulation nature-grâce, adoucit l'opposition entre l'aristotélisme et la théologie, et harmonise la foi et de la raison. Sa pensée justifie la notion de philosophie chrétienne La philosophie doit être informée par la foi, tout comme la grâce travaille dans la nature (cf. CG). Le débat entre les philosophes et les théologiens, entre les écoles, entre le thomisme naissant et les franciscains, aussi avec l'intervention des religieux d'autres Ordres, continuera, autour de plusieurs thèmes p. [...]

[...] Avant de suivre le développement de ce débat, nous voulons demander ce qu'étaient la philosophie et la théologie à l'époque. Ensuite nous commencerons notre parcours de la période de la construction des fondements jusqu'au 15e siècle, avec une attention particulière aux développements dans les écoles monastiques, les écoles cathédrales et les universités. Enfin, dans la conclusion nous essayerons de voir comment l'expérience de ces tentatives pour harmoniser le rapport entre la philosophie et la théologie peut être utile aujourd'hui Approximation des termes Philosophie et Théologie Du fait que la philosophie et la théologie évoluent au cours de l'histoire et connaissent toujours de nouvelles inculturations au gré des lieux, des temps, des mouvements et des personnes il est difficile de donner une seule définition fixe. [...]

[...] Roger Bacon veut réformer la chrétienté en restaurant l'authentique théologie. Dans sa Lettre à Clément IV, il critique fortement l'utilisation de la philosophie à moins que la théologie ne juge digne de l'utiliser et affirme que tout savoir reste finalisé par l'intelligence de la Sainte Écriture. Les dominicains, alors que leur législation interdisait l'étude des sciences profanes, ouvrent progressivement des centres d'études où ils enseignent la logique et la philosophie. Albert le Grand appuie cette nouvelle orientation ; distinguant la théologie de la philosophie (par leurs principes), défends l'étude de cette dernière pour elle-même. [...]

[...] À Paris nous trouvons Pierre Lombard (1100- 1160), évêque, auteur de Sentences et expert théologique au Concile de Reims, et Pierre Abélard (1079-1142), philosophe et théologien, fondateur d'une école, qui laisse une marque indélébile avant de se retirer dans un prieuré après une double condamnation. Voyons leurs apports : Pour les moines l'étude est un véritable exercice spirituel, à valeur pédagogique, par lequel l'homme collabore à la restauration en lui de l'image de Dieu[1] S. Bruno, Témoin du bouillonnement culturel et religieux qui agitait à son époque l'Europe naissante, acteur dans la réforme que souhaitait réaliser l'Église face aux difficultés internes qu'elle rencontrait, après avoir été un enseignant apprécié [ ] se sent appelé à se consacrer au bien unique qu'est Dieu lui-même[2] S. [...]