"Gnoti seauton" ("Connais-toi toi même"). Cette phrase restée célèbre, prononcée par la Pythie du temple de Delphes à l'intention de Socrate, est une preuve indéniable de l'intérêt des philosophes vis-à-vis de la connaissance de soi depuis l'Antiquité grecque. En prodiguant ce conseil à Socrate, qui représente ici l'ensemble des hommes, la Pythie l'incite à réfléchir sur sa propre personne pour découvrir sa véritable identité afin de mieux vivre, insinuant ainsi que chaque homme ne se connaît pas véritablement. Il n'en demeure pas moins que tout homme est en mesure de répondre, au moins de façon subreptice, à la question "Qui suis-je ?". Dès lors, il est donc honorable de se demander si la question "Qui suis-je" admet une réponse générale. Autrement dit, on se demande ici si chaque homme peut répondre à cette question de façon rigoureuse, exhaustive, et achevée. Dans un premier temps, pour répondre à cette vaste question, nous mettrons en évidence certains éléments pertinents qui laissent à penser qu'une réponse précise, complète et définitive peut être fournie. Puis, nous démontrerons par d'autres arguments qu'il est impossible de se connaître véritablement soi-même. Enfin, nous verrons que, bien que cela soit difficile, voire impossible, il est essentiel pour chacun d'entre nous de poursuivre la quête de la connaissance de soi (...)
[...] Chacun de nous ne s'est-il pas un jour demandé comment il était vu par les autres ? Là, il s'est rendu compte qu'il offrait une image différente à chacun. Prenons un exemple simple : il paraît évident que nous ne sommes pas vus de la même manière par nos parents que par nos amis. En effet, nos parents savent mieux que quiconque comment nous avons grandis, cependant, il me semble qu'ils sont moins au courant que nos amis de notre comportement en société. [...]
[...] A partir du moment où le moi n'existe pas, comment trouver un moyen de répondre à la question Qui suis-je ? ? Blaise Pascal, dans ses Pensées, nous explique que la plupart des gens nous définissent selon nos qualités physiques et morales, qui sont les principales caractéristiques visibles d'un individu. Or, ces caractéristiques sont éphémères. Par exemple, si une personne est belle d'un point de vue esthétique, cela ne signifie pas forcément que cette personne restera belle tout au long de sa vie. [...]
[...] En effet, nous manquons forcément de recul et d'objectivité. C'est pourquoi, dans cette mesure, il semble impossible de répondre, même d'une manière générale, à la question Qui suis-je ? Le moi n'est pas maître dans sa propre maison Dans cette célèbre citation, Freud insinue qu'une large partie de notre esprit demeure inconsciente. Il explique en effet que la plupart de nos pensées restent enfouies et ne surgissent que de temps à autre sous la forme de rêves, lapsus, actes manqués, etc . [...]
[...] sont autant d'éléments qui peuvent permettre à un individu de répondre si on lui demande qui il est. En effet, toutes ces caractéristiques qui nous suivent tout au long de notre vie sont propres à chacun d'entre nous, et il est très improbable que deux personnes distinctes disposent exactement de ces mêmes caractéristiques. D'ailleurs, si on nous demande d'être plus précis dans la définition de notre propre personne, nous pouvons sans difficulté énumérer nos principaux traits de caractère, c'est-à-dire nos qualités et nos défauts. [...]
[...] Or, il est clair que l'être humain est en constante évolution et que la liberté qui lui est offerte lui permet à tout moment de changer le cours de son existence. Sartre démontre clairement cela dans l'Existentialisme est un humanisme, lorsqu'il explique que tout homme invente sa vie à chaque instant. Pour pouvoir définir qui nous sommes, nous devons être achevé Or, tout être est une conscience inachevée Dans cette mesure, personne n'est donc capable de se connaître soi-même, et donc de répondre de manière générale à la question Qui suis-je ? [...]
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