Le désir se définit comme une tendance spontanée et constante vers une fin connue, comme source de satisfaction. Une tendance étant créée par un besoin, le désir est la prise de conscience d'un besoin et la recherche d'un objet imaginé lui correspondant. La conception cartésienne d'un désir maîtrisé, éloignée de l'inatteignable se dissout du fait que le désir est l'essence même de l'homme qui peut nous pousser à désirer quelque chose d'irréalisable, comme chez Spinoza notamment. Pourquoi désirer l'impossible ?
[...] Nous ne sommes pas plus libres de désirer que nous sommes libres d'être. Notre désir de l'impossible peut donc être lié à notre inconscient, comme Elisabeth Von R qui est amoureuse de son beau frère inconsciemment, un amour qui est impossible puisqu'elle ne peut tromper sa sœur. Elle refuse d'ailleurs d'admettre ce désir impossible, improbable et le refoule. Satisfaire notre désir de l'impossible est en dehors du réel, car sa réalisation reste de l'ordre de l'utopie. Le désir de l'impossible entraine donc déceptions, frustrations et souffrances. [...]
[...] Si l'on désire fermement quelque chose d'inatteignable, nous allons tout faire afin d'essayer de le rendre possible. François Mauriac, écrivain du 19ème siècle pensait d'ailleurs que battre des records, c'est l'idée fixe d'un véritable sportif, et il y a là comme une usurpation par le corps de cette évocation spirituelle du chrétien : se dépasser soi-même (œuvre complète). Nous mettons donc tout en œuvre pour parvenir à satisfaire ce désir impossible. Bon nombre de grands conquérants, d'explorateurs ou de sportifs ne limitent pas leur ambition, leur désir de progresser afin de repousser leurs propres limites. [...]
[...] Pourtant renoncer à ses désirs engendre davantage de souffrances, de frustrations et de désillusions, plutôt que la motivation. Si je renonce à mon désir qui s'apparente comme impossible, je serais torturé par le manque, et je n'aurais rien fait pour satisfaire ce désir. Je souffrirais donc plus que si je n'essayais de le contenter, sans pour autant y parvenir. Il faut donc tout faire pour que nos désirs de l'impossible soient assouvis. Le désir devient alors une puissance. Selon Spinoza, il est même l'essence même de l'homme (L'Ethique). [...]
[...] Nous désirons des objets toujours plus inatteignables, impossibles. Dans La peau de chagrin de Balzac, Raphael a le pouvoir d'exaucer tous ses vœux grâce a une peau de chagrin qui rétrécit après chaque désir assouvi, mais le jeune homme désire toujours plus et abuse du pouvoir qui lui était offert ; et son dernier souhait, celui de rester en vie, le condamne à mourir. L'objet désiré obtenu ne satisfait le désir que pour une courte période. Une fois un désir satisfait, nous cherchons immédiatement à en satisfaire un autre, comme si nous voulions perpétuellement remplir un tonneau percé, comme le tonneau des Danaïdes de Platon dans Gorgias, un tonneau sans fond, impossible à remplir. [...]
[...] Notre désir de l'impossible est également lié à notre inconscient, qui détermine nos attentes et nos actes. Le désir de l'impossible, de l'irréalisable entraine souffrances, frustrations et désillusions, l'objet du désir étant improbable. Mais en maitrisant notre désirs de l'impossible, nous nous exposons a davantage de souffrances et de frustrations car plus on tente de réprimer ce désir de l'impossible, plus devient alors une puissance supplémentaire dans notre existence qui nous permet de nous surpasser et d‘étendre nos possibles. Nous pouvons donc en conclure que désirer l'impossible nous permet de viser plus haut, d'aller plus loin et de rendre ainsi les choses impossibles possibles. [...]
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