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A) Nous désirons par rapport à nos manques des objets ou des réalisations dont la possession nous ferait plaisir. Le plaisir est donc le but visé par le désir. C'est-à-dire le désir d'être satisfait. La loi de la nature de Calliclès pose ainsi plaisir comme la réponse à nos désirs. Il montre dans le Gorgias de Platon qu'il est dans la nature humaine de chercher à satisfaire ses désirs et ce mouvement est d'ailleurs celui qui garantit la dignité humaine. Seul peut être satisfait l'homme qui parvient à faire triompher ses désirs. Il est donc essentiel et même nécessaire pour être satisfait de donner une réponse à toutes les tensions du désir. Le désir est donc un instinct qui nous pousse à rechercher le plaisir. Le désir recherche donc toujours la même fin : le plaisir.
B) Mais si le désir nous porte vers le plaisir, une fois atteint ce dernier met fin aux tiraillements du désir. Une fois que le désir s'est orienté vers des objets que l'on se représente comme satisfaisants, le plaisir qui découle de la possession ou de la réalisation du désir met justement fin à cette tension. Le plaisir représente donc l'extinction du désir, c'est-à-dire que le désir trouve un objet source de plaisir qui éteint le désir. C'est ainsi que chez Epicure, dans la Lettre à Ménécée, le plaisir est le symbole du bon choix des désirs et de leur réalisation concrète et matérielle. Le plaisir est donc représentatif d'un équilibre atomique. Lipovetsky fait de même le constat dans la société de consommation qui est la notre une extinction du désir puisque tous les objets de plaisirs s'offrent à nous, nous n'avons plus le temps de désirer. Nous jouissons des objets, d'une possession instantanée sans que nous ayons auparavant été mis en mouvement par un désir. Tout se passe ainsi comme si les objets, les sources de plaisir s'offraient à nous sans que nous ayons besoin d'aller les chercher, sans que nous ayons la possibilité même de les désirer, c'est-à-dire de se les représenter.
C) Mais on peut aussi penser le plaisir comme un équilibre que seul le désir peut venir perturber. Ainsi, les pulsions extérieures qui nous stimulent peuvent nous éloigner de notre plaisir-plénitude, c'est-à-dire de notre équilibre. Le désir est alors ce qui vient perturber l'équilibre, qui le met en danger. La fin du désir, sa mise à l'écart est donc synonyme de plaisir et c'est ce que montre Freud dans Au delà du principe de plaisir (...)
[...] Le plaisir est-il la fin du désir ? 1. Le plaisir est la fin du désir : il en est le but, l'achèvement ou encore la disparition Nous désirons par rapport à nos manques des objets ou des réalisations dont la possession nous ferait plaisir. Le plaisir est donc le but visé par le désir. C'est-à-dire le désir d'être satisfait. La loi de la nature de Calliclès pose ainsi plaisir comme la réponse à nos désirs. Il montre dans le Gorgias de Platon qu'il est dans la nature humaine de chercher à satisfaire ses désirs et ce mouvement est d'ailleurs celui qui garantit la dignité humaine. [...]
[...] Le plaisir est donc représentatif d'un équilibre atomique. Lipovetsky fait de même le constat dans la société de consommation qui est la notre une extinction du désir puisque tous les objets de plaisirs s'offrent à nous, nous n'avons plus le temps de désirer. Nous jouissons des objets, d'une possession instantanée sans que nous ayons auparavant été mis en mouvement par un désir. Tout se passe ainsi comme si les objets, les sources de plaisir s'offraient à nous sans que nous ayons besoin d'aller les chercher, sans que nous ayons la possibilité même de les désirer, c'est- à-dire de se les représenter. [...]
[...] Le plaisir présuppose pour exister la fin du désir, c'est-à-dire qu'il faut repousser consciemment les forces de notre désir qui viennent mettre en danger l'équilibre dans lequel nous sommes. Le plaisir est donc la fin du désir. Mais par fin du désir nous entendons à la fois le but du désir, la fin de la pulsion du désir ou encore la disparition du désir. Le plaisir reste cependant une réponse au désir, c'est-à-dire que le désir nous pousse inexorablement à la recherche du plaisir. Freud nous a cependant montré une alternative : le plaisir et le désir ne cohabitent pas nécessairement puisque le désir peut s'opposer au plaisir. [...]
[...] C'est donc un flux qui ne s'éteint pas, qui est sans objet. Il s'agit d'une force qui rejoint les considérations de Deleuze sur le désir dans ses Dialogues. C'est-à-dire qu'il est indéterminé, qu'il n'a pas de fin. Le plaisir n'est pas un manque mais un espace à remplir. En ce sens, la force du désir est de donner une valeur aux choses (parce qu'une chose est désirée elle devient belle et non l'inverse) et d'être un processus de création qui constitue le monde. [...]
[...] Le plaisir n'est donc pas nécessairement l'objet visé par le plaisir. De telles considérations sont illustrées par Balzac dans Madame Bovary. En effet, madame Bovary désirait la reconnaissance, la mondanité, la richesse, le prestige. Ces désirs l'ont conduit à mépriser les plaisirs que sa petite vie lui offrait. Désirant toujours plus, elle est passée à côté du plaisir. La folie de ses désirs s'opposait à la simplicité des plaisirs qu'elle pouvait éprouver. Toujours à la recherche de plaisirs infinis, de plaisirs inatteignables, son désir hyperbolique n'aura eu de cesse de la plonger dans une existence morose, ou les plaisirs n'agrémentaient plus sa vie, mais la rendait uniquement plus fade dans la mesure ou ils ne correspondaient pas aux espoirs de satisfaction qu'elle nourrissait. [...]
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