Philosophie, épistémologie, historicité, contextes de sens, Martin Heidegger, Husserl, intentionnalité à la transcendance, phénoménologie, éléments existentiaux, authenticité, affectivité, sens, oubli de l'être, Richard Rorty
Martin Heidegger (1899-1976) a été l'assistant de Husserl et a pris progressivement son indépendance par rapport à celui-ci. Son premier grand ouvrage est Être et Temps (1927). Heidegger exerce sur la philosophie une influence déterminante. Son œuvre prétend amener l'invention de la phénoménologie jusqu'à ses plus ultimes conséquences. L'invention de la phénoménologie, c'est l'invention d'une attitude qui prétend dégager d'une description de notre façon de vivre les choses le sens constitutif de cette expérience.
[...] La mortalité du Dasein témoigne de ce qu'il y a de plus propre dans le Dasein et fait advenir le Dasein à une vie authentique. Hegel affirmait que c'est dans l'épreuve du risque de la mort que l'homme commence à affirmer sa liberté. Heidegger affirme quant à lui que la liberté de l'homme est authentique quand elle accueille la finitude de la condition mortelle, quand elle existe à partir du sans-fond de son être- jeté. Le monde ultime du Dasein, qui permet au Dasein de rencontrer les choses selon certains sens, ce monde est celui de la mortalité. [...]
[...] Nous avons déjà montré que la mortalité était chez Heidegger une dimension fondamentale de l'existence humaine, si bien que notre capacité de nous ouvrir au monde en tant quel repose sur cette mortalité constitutive, sur l'expérience d'une facticité indépassable. De la même façon que ce qui rend le sujet capable de présence à soi est cette étrangeté radicale qui l'habite, sa mortalité, l'expérience du sens chez Heidegger est également liée à une expérience de radicale facticité. Nous ne sommes pas les maîtres du sens. C'est ainsi que l'on peut dire que la science, comprise chez Heidegger comme volonté d'arraisonnement de l'étant, comme volonté de maîtrise du sens, occulte complètement cette finitude radicale de l'expérience du sens. [...]
[...] Le Dasein heideggérien se sait ne pas être à la source de son mouvement vers les choses. Il est jeté dans l'existence. Cet existential correspond au passé. L'homme vient au monde toujours trop tard. Il n'était pas présent au moment de sa naissance puisque c'est cette naissance qui le jette dans son existence. Heidegger est un penseur de la facticité. Ce qui caractérise le Dasein est la situation d'être livré à l'existence et d'être en retard sur soi-même. Le corps témoigne pour Heidegger de cette facticité de l'existence. Le second existential est celui de l'ek-sistence (Ek-sistenz). [...]
[...] Chez Husserl, tout sujet est capable à tout moment, s'il le veut, d'adopter cette attitude phénoménologique qui n'est plus dirigée sur les choses, mais qui est dirigée sur sa façon de vivre les choses. Tandis que chez Heidegger, cette expérience où le sujet s'éprouve dans le mystère de son existence est une expérience qui se fait seulement dans certaines conditions, nous verrons bientôt lesquelles. Heidegger entend radicaliser la phénoménologie en montrant que l'homme est pris dans une histoire dont il n'est pas le maître. L'homme ne peut pas sans cesse revenir à lui-même comme il veut. Il y a un certain destin dans l'histoire de l'homme. [...]
[...] Il n'est rien de ce qui est, étant la présence même de ce qui est. La phénoménologie se comprend comme une lutte pour ne plus tomber dans l'oubli de l'être, ou, plus profondément encore, pour méditer le mystère de l'être dont il est dans l'essence de se faire oublier au profit des choses qui sont. Les œuvres ultérieures de Heidegger vont accentuer l'idée de cette quasi-nécessité selon laquelle l'être se fait oublier. Notre époque serait précisément l'époque où l'être se donne dans sa plus grande vérité, c'est-à-dire dans le fait qu'il se fait oublier. [...]
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