Philosophie critique, morale kantienne, raison, Emmanuel Kant, René Descartes, illusion, métaphysique, déconstruction du sujet, Nietzsche, Kierkegaard, cogito, appréhension de la réalité
Au niveau théorique, la raison doit en quelque manière se démettre de sa toute-puissance et ne se définir que par rapport à l'expérience qu'elle rend possible. C'est pourquoi Kant critique Descartes qui a cédé à l'illusion que génère l'activité de pensée : la raison théorique serait une faculté séparée. Descartes a conscience que la science détruit l'expérience métaphysique du sujet, le sens de la personne unique se définissant comme une fin en soi. Ce travail de déconstruction du sujet est encore plus grand avec Kant puisque finalement la raison théorique elle-même montre que l'entendement peut prendre le sujet empirique comme objet d'étude et ne plus voir en celui-ci que des déterminismes.
[...] Ce n'est pas apparemment en mangeant ou en percevant de façon quotidienne que nous sommes de véritables sujets. Serait-ce alors en pensant, comme l'a affirmé toute une série de grands philosophes ? Cela ne peut être le cas pour Kant. Quand nous pensons, au contraire, nous avons tendance à nous désingulariser, même s'il est vrai que l'activité de pensée suppose une véritable volonté de pensée et un certain engagement. Mais il y a une illusion à croire que c'est en pensant que l'homme devient un véritable sujet. [...]
[...] Je suis libre, puisque je dois me faire libre. Le premier postulat est celui de la liberté. Le second postulat est celui de l'immortalité de l'âme puisque je ne peux pas ne pas me vivre moi-même comme ayant une destination métaphysique, comme ne me réduisant pas au pur déterminisme d'un comportement étudié par la science. Le troisième postulat est celui de l'existence de Dieu où se ferait la réalisation plénière et intégrale de ma personne, réunissant sans aucune déchirure mon être sensible et mon être moral. [...]
[...] Il s'agit au contraire de se comporter comme un être de raison, c'est-à-dire en ayant comme principe d'action (comme maxime) l'exigence de l'universalité. Il faut donc chercher à faire son action de façon à que tout autre être de raison puisse partager son principe. Agis donc de telle sorte qu'on puisse sans absurdité ou contradiction commander à tout homme en toute circonstance d'agir comme tu le fais en ce moment. C'est cela agir comme être de raison, c'est-à-dire en inscrivant une exigence radicale d'universalisation dans un principe d'action particulière. L'intérêt de cette morale kantienne est son formalisme. [...]
[...] En effet, être quelqu'un, c'est se conduire en fonction des règles que l'on s'est données à soi-même. On n'obéit plus ici à des règles dont on n'est pas l'auteur. La raison devient personnelle en devenant morale. L'homme tente ainsi de vivre sa réalité d'être raisonnable en trouvant chaque fois pour sa conduite des règles d'actions universalisables. C'est l'entendement cette fois-ci qui est au service de la raison. Etre moral, c'est chercher pour chaque situation donnée des règles de conduite (c'est l'entendement qui cherche les règles) qui soient universalisables. [...]
[...] Pas de liberté donc, pas de sujet métaphysique en-dehors de la morale. La raison qui rend possible la science et son déterminisme rend donc aussi possible en même temps la réalisation morale du sujet, l'inscription de la liberté dans le monde, la réalisation de l'idéal dans la réalité. La morale pour Kant consiste donc à réaliser ses conduites en prenant pour guide pratique l'exigence de l'universalité. On ne doit pas tenir compte de ses intérêts propres, de ses inclinations sensibles. [...]
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