Sciences humaines et arts, Philosophie de l'art chapitre 3, Georg Luckás 1981, éternité d'une oeuvre, esthétique d'une oeuvre, expression artistique, atemporalité d'une oeuvre, altérité abstraite
C'est dans l'éternité de l'oeuvre que se manifeste avec le plus d'évidence le caractère paradoxal de la valeur esthétique. L'éternité signifie la validité atemporelle de la valeur. Le rapport (la différence) entre la temporalité et l'atemporalité est complexe. La valeur esthétique n'existe qu'une fois l'oeuvre réalisée. Ce qui vaut comme éternel et atemporel n'existe que dans l'oeuvre atteinte, dans la valeur réalisée. Cette affirmation est paradoxale puisque l'oeuvre est temporelle selon la genèse, sa subsistance et l'effet qu'elle produit : comment la validité atemporelle peut-elle être imaginée dans un tel contexte ?
[...] Nouveau se dit d'une certaine qualité de la valeur. L'oeuvre se distinguera par telle qualité qui lui est propre / diff de toutes les autres réalisations précédentes de la valeur. La nouveauté ne se dit pas d'une unité abstraite mais d'une qualité concrète. [...]
[...] L'art ne peut renoncer ni à l'expérience du vécu ni à son contenu concret. = il ne serait se libérer de la loi du temps. De plus il ne le doit pas : car si un tel désir atteignait sa fin, il ferait de son objet un objet idéal et abstrait, il supprimerait l'essence de l'art. Si l'on doit donc caractériser chaque oeuvre comme « nouvelle » = ce n'est pas seulement d'un point de vue extérieur et factuel + ne peut pas désigner la valeur de l'oeuvre elle-m. [...]
[...] L'éternité signifie la validité atemporelle de la valeur. Le rapport (la différence) entre la temporalité et l'atemporalité est complexe. La valeur esthétique ne n'existe qu'une fois l'oeuvre réalisée, ce qui vaut comme éternel et atemporel n'existe que dans l'oeuvre atteinte, dans la valeur réalisée. Cette affirmation est paradoxale puisque l'oeuvre est temporelle selon la genèse, sa subsistance et l'effet qu'elle produit : comment la validité atemporelle peut-elle être imaginée dans un tel contexte ? Le fait que l'oeuvre soit temporelle dans sa genèse ne signifie pas seulement qu'elle est produite par une personnalité qui vit nécessairement dans un temps historique déterminé, cela signifie aussi qu'en posant le concept de temporalité on suppose celui de nouveauté. [...]
[...] L'hypothèse selon laquelle le génie est atemporel dans son essence et pleinement indépendant de tout le conteste socio-culturel de son existence empirique est insoutenable. D'une part car elle est absurde du point de vue socio-historique mais aussi parce qu'elle contredit le concept de génie. Par ailleurs, la relation entre l'individu et l'époque est saisie de façon trop étroite : les hommes seraient simplement portés par les courants de leur époque, soumis aveuglement à toutes les conventions etc. Or, plus l'artiste répond aux normes éternelles de la valeur atemporelle, plus il est génie. [...]
[...] Conséquence axiologique : le concept de nouveauté ne suppose pas un progrès (en tout cas pas un progrès constant), une évolution dotée d'une valeur croissante. Comment lever dans l'essence de l'oeuvre, dans l'essence de la valeur esthétique, la contradiction selon laquelle elle se rapporte à une valeur historico-temporelle et vaut tout aussi bien comme atemporelle ? Le sens esthétique de l'exigence pour l'oeuvre d'être quelque chose de nouveau Le sujet producteur peut-il ou non vaincre la loi qui le rive au temps, et dans quelle mesure le droit-il ? [...]
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