Cette formule stéréotypée peut s‘appliquer dans deux contextes : celui de la vie réelle, la belle action qui fait vibrer les présentateurs d‘un match de rugby et celui des mythes, qui marque l‘imaginaire collectif par la tradition que l‘on retrouve dans les épopées et leurs actions glorieuses/héroïques.
La belle action est-elle alors réelle ou est-ce un simple mythe ? Quelle est sa fonction ? Pose-t-elle une condition essentielle quant à notre agir ?
On relève deux paradoxes inhérents à la formule. D‘abord, le propre de l‘action est d‘être évanescente (l‘action s‘efface au fur et à mesure qu‘elle se déploie). Or la beauté implique de la contemplation : la belle action dans la vie est problématique. De plus, l‘action suppose un jugement sur l‘utilité et sur l‘efficacité (jugement pratique impur) et sur la valeur morale de l‘intention (jugement pratique pur). Or la beauté ne peut être jugée.
[...] Ne reconnaît-on pas l'agir comme valeur essentielle ? II/ La belle action, ou l'éclat sensible de la vérité de l'agir Reformulation du problème La beauté est inséparable d'un jugement subjectif, exprimant un sentiment de plaisir inséparable d'une évidence qui se révèle. La belle action révèle ce que l'action est en vérité, à partir d'une intuition obscure éclairée. Mais il y a une contradiction dans l'idée de représenter l'action, car il y a l'idée de la figer, de lui retirer son évanescence. [...]
[...] La belle action apparaît alors comme une catégorie aussi originale que problématique puisqu'elle est étrangère aux catégories les plus logiques de l'action. Pourtant, la belle action n'est-elle pas la plus fidèle à l'action ? L'intention dynamise l'action et le résultat l'achève. Ce qui se trouve réduit, c'est le déroulement de l'action. La belle action ne serait-elle pas celle soucieuse de son déploiement ? Ne serait-elle pas à la gloire de l'agir ? Que vise la belle action ? Elle ne vise pas l'efficacité coûte que coûte : elle peut être belle sans son accomplissement. On parle alors d'efficacité symbolique, i.e. [...]
[...] Il reste à résoudre le dernier paradoxe : la belle action suppose le point de vue esthétique, la contemplation, qui semble contredire l'agir, qui lui est évanescent. Elle doit donc prendre la forme d'une œuvre, d'une réalisation durable qui contredit le déploiement de l'agir. La belle action est une réalité d'autant plus symbolique qu'elle serait de l'ordre de la représentation (littéraire, picturale, cinématographique, mythologique, etc.) III/ La belle action trouve son domaine dans l'esthétisation La belle action : un mythe trompeur ? [...]
[...] Quelle est sa fonction ? Pose-t-elle une condition essentielle quant à notre agir ? On relève deux paradoxes inhérents à la formule. D'abord, le propre de l'action est d'être évanescente (l'action s'efface au fur et à mesure qu'elle se déploie). Or la beauté implique de la contemplation : la belle action dans la vie est problématique. De plus, l'action suppose un jugement sur l'utilité et sur l'efficacité (jugement pratique impur) et sur la valeur morale de l'intention (jugement pratique pur). [...]
[...] L'action peut également être digne de reconnaissance (spectateur d'une belle action) car il y a une possibilité d'accord intersubjectif. Il existe cependant des critères très problématiques L'existence d'une cohérence interne, d'une unité, nous fait plutôt parler d'une action efficace : on agence les moyens en vue d'une efficacité, il y a là une rationalité instrumentale, or l'efficace est différent du beau (« Rien de ce qui est utile n'est beau », Th. Gautier). De plus, en vue des exigences universelles de moralité, l'action se traduit surtout par sa bonté (morale), non par sa beauté, or le bon est différent du beau. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture