Que perdrait la pensée en perdant l'écriture, Nietzsche, uniformisation de l'écrit, mythe de Theuth, invention de l'écriture, Hobbes, linguistique, fixation de la pensée, Jean-Jacques Rousseau, Dérida, Platon, Pharmakon
"De tout ce qui est écrit, je n'aime que ce que l'on écrit avec son propre sang. Écris avec du sang et tu apprendras que le sang est esprit" (Nietzsche). Nietzsche ici expose sa thèse qui est de privilégier une écriture qui émane de l'esprit. Il faut que l'écrit lui soit propre et qu'il laisse apparaître son style, sa pensée et que dans aucun cas il ne soit pour une uniformisation de l'écrit. Car l'écriture viendra toujours de la subjectivité de l'individu donc de sa pensée et de son esprit. L'écriture et la pensée, ici, semblent indissociables et l'écriture en perdant la pensée perdrait son essence première pour ne pas dire l'intégralité de son contenu. Mais si nous inversons la situation, nous pourrions nous demander que perdrait la pensée en perdant l'écriture ?
[...] Et donc qu'il y a eu une écriture avant la parole. Il apporte donc un nouvel éclairage, car les philosophes antérieurs n'ont pas pris en compte le concept d'écriture. C'est ainsi que Dérida met en place sa thèse de la déconstruction qui vise à laisser voir comment Platon, Rousseau, Hegel, Kant ont négligé l'écriture la chose dont ils se servent pour philosopher Selon eux, respecter une bonne écriture c'est respecter l'écriture divine. Il y a dès lors qu'il y a une distinction entre bonnes et mauvaises écritures. [...]
[...] De plus, les langues mortes sans les écrits conservés jusqu'à présent ne continueraient pas à vivre dans notre société actuelle. L'écriture constitue de vraies ressources historiques et un patrimoine culturel important. Nous pouvons citer par exemple les mémoires de la guerre. Avec le temps, les images se délavent et perdent leurs formes. L'écriture est l'un des liens les plus importants pour garder en mémoire tous les secrets comme toutes passions/intensités. Sans les traces écrites, la pensée devrait à chaque fois tout recommencer il n'y aurait aucune évolution dans notre manière de penser et celle-ci resterait au présent. [...]
[...] Selon lui, l'écriture serait un danger, car elle tuerait l'oralité, la beauté des discours par exemple. Dans ce mythe, nous remarquons clairement à travers Tamous que l'écriture est mauvaise en soi. En effet, celle-ci peut faire négliger la mémoire parce qu'ils auront foi dans l'écriture et donc que ce serait par le « dehors » et non pas par le « dedans » que les Hommes chercheront à se ressouvenir. Elle favoriserait donc l'oubli et l'ignorance, car on se dispenserait de faire un effort de mémoire et l'on ne penserait plus par soi-même. [...]
[...] C'est cependant le risque que prend l'écriture poétique. De plus, on ne peut pas parfaitement transposer l'idée première qui intervient soudainement dans notre pensée avec exactitude, car celle-ci se modifie constamment par exemple un journal intime où nous écrivons notre journée, nous n'aurons plus la même intensité, plus la même exactitude dans les événements qui auraient pu se dérouler. Enfin, pour Dérida, toute communication même orale est une communication à l'absence. En réalité qu'on parle ou qu'on écrive, on s'adresse toujours à une personne absente. [...]
[...] On chercherait dans les livres une pensée toute faite qu'on ne pourrait assimiler puisqu'on ne l'aura pas pensé. Theuth a inventé un remède ou plutôt un poison tout dépend de la traduction qu'on fera de Pharmakon qui est aussi ambiguë que la question de l'écriture, ce qui fera croire qu'on peut se passer de l'âme pour comprendre. Si la discussion s'arrête après ce discours c'est que, pour Platon Theuth n'a rien à répondre. Phèdre semble avoir beau jeu de souligner et railler la « facilité » du recours au mythe qui permet de tout dire. [...]
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