Dans cette synthèse de cours sur le mal, je voudrais évoquer les doctrines contemporaines. L'examen de la philosophie leibnizienne nous rappelle qu'elle tente d'examiner le problème du mal dans un cadre strictement rationaliste : il en ressort que le mal est un point de vue limité, voire erroné, sur le monde, qui ne peut être que le meilleur des mondes possibles.
Si Dieu existe, le mal n'existe pas ; mais si Dieu n'existe pas (ou s'il est inconnaissable), le mal existe, et il faut le penser. Comment ?
[Le mal existe, donc Dieu n'existe pas - Dieu est innocent à la seule condition de ne point exister]
Toute la question qui se pose à la philosophie contemporaine est de comprendre le mal en dehors du secours de Dieu. Précision : cela ne signifie pas que la philosophie contemporaine est athée : Kant ne l'était pas. Je souhaiterais, pour terminer, évoquer les trois réponses qui me semblent être les plus importantes de la philosophie contemporaine.
I) La position humaniste (ou l'humanisation du mal)
Il faut se mettre à la place des penseurs de la Renaissance : Les trois réponses à la question de l'origine du mal ont disparu : le mal comme dégradation d'un passé grandiose ; le mal comme désordre dans l'univers ; le mal comme éloignement (manque de confiance en) de Dieu.
[...]
A. Comment penser le mal (et l'homme) quand on ne peut plus le penser à partir de ce qui lui est supérieur (en haut) ?
Réponse : en partant de ce qui est en bas : l'animal (ceux que Michelet appellera « nos frères inférieurs »). C'est ce que tentera Rousseau dans le DOI (1755) :
Pour Aristote, l'homme est un animal rationnel
Pour Descartes, l'homme est un animal rationnel et affectif. Selon lui, les animaux sont comparables à des machines (automates) et ils n'éprouvent pas de sentiments ni ne souffrent. L'homme est raison et passion.
Pour Rousseau : l'animal possède une intelligence et une sensibilité, voire une faculté de communiquer. Ce ne sont donc pas ces critères qui permettent de distinguer l'homme de l'animal (...)
[...] Il n'y a pas d'autre monde que celui-ci, pas d'arrière monde, pas de transcendance ni de transcendantal. Le monde est un chaos absolu : Savez- vous bien ce que c'est que le monde pour moi ? Voulez-vous que je vous le montre dans mon miroir ? Ce monde est un monstre de forces, sans commencement ni fin, une somme fixe de forces, dure comme l'airain une mer de forces en tempête, un flux perpétuel (PDBM, livre 51). La raison échouera à le penser. A. [...]
[...] Qu'est-ce que le mal ? Une conception du bonheur : Idée d'Epicure = Le plaisir, c'est l'absence de douleur. Ce n'est point le mal qui est l'absence du bien, c'est le bien qui est l'absence du mal. ( La seule chose désirable comme fin est le bonheur, c'est-à-dire le plaisir et l'absence de douleur. général : Mais l'utilitarisme ne défend pas cette thèse de manière égoïste : ce qui est visé, c'est le bonheur général et non le bonheur personnel. [...]
[...] Philosophie Penser le mal sans Dieu (sans cosmos et sans tradition) Introduction. Dans cette synthèse de cours sur le mal, je voudrais évoquer les doctrines contemporaines. L'examen de la philosophie leibnizienne nous rappelle qu'elle tente d'examiner le problème du mal dans un cadre strictement rationaliste : il en ressort que le mal est un point de vue limité, voire erroné, sur le monde, qui ne peut être que le meilleur des mondes possibles. Si Dieu existe, le mal n'existe pas ; mais si Dieu n'existe pas (ou s'il est inconnaissable), le mal existe, et il faut le penser. [...]
[...] Comment penser le mal dans cette perspective ? Il faut partir du monde et de l'ontologie nietzschéenne : Le réel c'est la vie ; La vie, c'est la volonté de puissance ; La volonté de puissance est volonté de plus de puissance. Dans ce réel vitaliste, il faut distinguer deux types de forces : actives et réactives. Les forces actives (santé) se déploient sans mutiler d'autres forces, tandis que les forces réactives (maladie) ne peuvent se déployer qu'en niant d'autres forces. [...]
[...] Auto-justification : Le mal métaphysique (la mort) : par le lien avec les autres hommes. Le diable humain, c'est celui qui sépare les hommes. C'est la raison pour laquelle Kant fait du mensonge le mal suprême : il casse et même subvertit toute possibilité de communication inter-humaine. Il nous prive du seul petit espoir de salut. D'où l'importance (et la fragilité) du lien dans les sociétés modernes (lien politique, juridique, éthique, affectif). Deux formes de réponse : - Religion de salut terrestre : La Nation, la Révolution, le Progrès scientifique. [...]
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