« Cependant, il y avait une chose qui m'effrayait dans cette confession : c'était l'éclat fiévreux qui passait dans ses yeux et qui faisait vibrer électriquement tous les muscles de son visages lorsqu'il parlait de sa passion du jeu. Le simple récit de la chose suffisait à l'exciter, et avec une terrible netteté son visage plastique exprimait en traits joyeux ou douloureux les mouvements de tension qui se succédaient en lui. Malgré lui ses mains, ses mains admirables, nerveuses et aux souples articulations, redevinrent, tout comme à la table de jeu, elles-mêmes, des êtres rapaces, furibonds et fuyants : je les voyais, tandis qu'il racontait, frémir soudain aux articulations, se courber vivement et se crisper en forme de poing, puis se détendre et de nouveau se pelotonner l'une dans l'autre. Et, au moment où il confessait le vol des boutons, elles mimèrent (ce qui me fit tressaillir malgré moi) bondissantes et rapides comme l'éclair, le geste du voleur ; je vis véritablement les doigts s'élancer follement sur la parure et l'engloutir prestement dans le creux de la main. Et je reconnus avec un effroi indicible que cet homme était empoisonné par sa passion, jusque dans la dernière goutte de son sang. »
[...] - Le conflit : Il est tant externe qu'interne. Elle se retrouve en conflit avec les autres qui souhaitent qu'elle arrête de jouer afin d'éviter une perte d'argent importante. La plupart des membres de la troupe, et le Général en premier, s'inquiètent surtout de voir l'héritage fondre comme neige au soleil. Alexeï Ivanovitch finit d'ailleurs par refuser de l'y accompagner ne pouvant supporter de regarder ce spectacle sans pouvoir faire cesser la folie de la baboulinka. Elle est également en conflit avec elle-même. [...]
[...] Il délaissa ses études, ses amis puis sa famille. Ce processus d'auto-destruction l'amena finalement à voler à une de ses tantes deux boutons enrichis de pierreries. Il est donc difficile de parler ici de passion du jeu au sens de la passion telle qu'Aristote la définit. De quoi s'agit-il alors ? Dans son ouvrage The Psychology of Gambling le psychanalyste Edmund Bergler analyse l'addiction du joueur pathologique. Il compare ainsi la dépendance du joueur à celui de l'alcoolique. Le terme d'addiction mérite donc que l'on s'y attarde. [...]
[...] Quelle composante du jeu fait vaciller l'individu vers la passion destructrice que Zweig et Dostoïevski ont décrite ? Le jeu excessif relève-t-il de l'addiction et non de la passion? Pour répondre à ces questions, il est nécessaire de préciser les types de jeux concernés. Il existe en effet de très nombreuses espèces de jeux, regroupées dans la classification réalisée par Roger Caillois dans son ouvrage les jeux et les hommes. On peut citer ainsi les jeux de société, les jeux d'adresse ou encore les jeux de stratégie. [...]
[...] Cependant le général n'a plus d'argent et il attend avec impatience la mort de la Baboulinka, la grand-mère afin de pouvoir hériter, et ainsi régler ses dettes et pouvoir se marier avec Mademoiselle Blanche. En attendant il souhaite à tout prix éviter que celle-ci se rende compte qu'il est ruiné. Or la Baboulinka, portée malade, débarque à Roulettenbourg, en pleine forme et pas du tout mourante. Elle découvre la roulette et y perd une grosse partie de sa fortune, ce qui rend fou le général qui comprend bien vite que Melle Blanche ne l'épousera pas. [...]
[...] Ceux-ci adoptent toujours une position subjective vis- à-vis de celui qui marque et révèle la faveur du destin selon les termes de Roger Caillois. Et si cette position peut entraîner vers le jeu pathologique, elle peut également déboucher sur un jeu à l'utilité indiscutable. Comme l'a montré Spinoza, le hasard est le nom que nous donnons à notre absence de connaissance des causes de certains événements, absence de connaissances qui nous effraie. Il faut en finir avec cette peur du hasard. [...]
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