La relation entre les deux consiste à méditer ce qui donne sens à l'action morale, et à notre existence d'hommes en ce monde. La morale, cela peut être défini comme la réflexion sur les principes de l'action bonne ou juste, ainsi que la transformation de l'homme qui correspond à cette réflexion, c'est-à-dire traditionnellement la réflexion sur la vertu. L'on peut ici trouver un point commun entre morale et religion, c'est la capacité à réfléchir sans agir : il ne suffit pas de connaître ce qui est juste ou bon, les principes d'une religion, pour voir notre existence transformée ; il s'agit encore d'y engager notre liberté et le sens de notre existence.
S. Kierkegaard nous indique de ce point de vue quelque chose d'essentiel dans La dialectique de la communication éthique et éthico-religieuse, il cherche à nous faire saisir un aspect essentiel de la morale et la religion. Quand je parle du courage, est-ce que je prends un risque ? Parler du courage sans prendre de risque, est-ce en parler en vérité ?
p.374 : toute communication indirecte, magistrale est directement trahison : quod : ce que ; quomodo : comment.
L'accent sur le quomodo est la signature d'une pensée existentielle. De toutes, elle est la question la plus importante pour Kierkegaard. Dans la communication indirecte il s'agit de me retirer comme maître. Qu'on puisse être un exemple de courage, de loyauté, etc. n'implique pas qu'on en soit le maître, le propriétaire. De façon que je puisse le communiquer (ce qui est plus haut, plus universel).
Inviter par toutes sortes de moyens l'autre à se saisir de ses possibilités. Se retire comme maître parce qu'il n'y a pas de véritable maître. Inviter l'autre à se saisir de soi. D'où peut-on dire cela ? Est-ce du haut d'une chaire ?
Celui qui parle de religion sans incarner dans son agir l'essence de ce en quoi il croit, ses propos seront vains. De la même manière, les Grecs avaient saisi que celui qui prétend être sage ou rechercher la sagesse doit, s'il réfléchit sur le sens de l'action morale, être capable d'entrer dans la cohérence d'une existence transformée. Socrate, dans le Théétète énonce une idée que nous pourrons poursuivre par la suite (...)
[...] mais ce sera contre mon gré. Pendant qu'il est encore temps, je me refus à accepter cette harmonie supérieure. Je prétends qu'elle ne vaut pas une larme d'enfant, une larme de cette petite victime qui se frappait la poitrine et priait le bon Dieu dans son coin infect ; non, elle ne les vaut pas, car ces larmes n'ont pas été rachetées. Tant qu'il en est ainsi, il ne saurait être question d'harmonie. Or, comment les racheter, c'est impossible. Les bourreaux souffriront en enfer, me diras+-tu ? [...]
[...] Etre fils d'un même père, c'est donc penser la question morale sous un angle particulier, celui d'une communion qui prendrait sens au cœur d'une création par amour, du moins dans le contexte judéo-chrétien et musulman. * * * * Théétète, 176a-176b, Platon, Œuvres complètes, tome IIe, Pléiade p.135. République, livre VI, 505d-être, Platon Œuvres complètes, tome Ier, p.1093. Critique de la faculté de juger, 87, note, pp. 450-451, édition GF traduction Renaut. Dostoïevski, Les frères Karamazov, tome Ier, édition Folio, pp. [...]
[...] 335- 336. L' Homme révolté, Folio Essais, p.23. ib, p.42. [...]
[...] Je veux voir de mes yeux la biche dormir près du lion, la victime embrasser son meurtrier. C'est sur ce désir que reposent toutes les religions, et j'ai la foi. Je veux être présent quand tous apprendront le pourquoi des choses. Mais les enfants, qu'en ferais-je ? Si tous doivent souffrir afin de concourir par leur souffrance à l'harmonie éternelle, quel est le rôle des enfants ? On ne comprend pas pourquoi ils devraient souffrir, eux aussi, au nom de l'harmonie. Pourquoi serviraient-ils de matériaux destinés à la préparer ? [...]
[...] D'ailleurs, que vaut cette harmonie qui vaut un enfer ? Je veux le pardon, le baiser universel, la suppression de la souffrance. Et si la souffrance des enfants sert à parfaire la somme des douleurs nécessaire à l'acquisition de la vérité, j'affirme d'ores et déjà que cette vérité ne vaut pas un tel prix[4]. La révolte a un sens profond : elle nous indique que le mal ne doit jamais être justifié, sous peine de faire de dieu un dieu pervers, semblable à celui que présentent, apparemment, les premiers paragraphes du livre de Job La souffrance est un mal radical, absurde, injustifiable. [...]
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