Dans Le désert des Tartares, Dino BUZZATI (20è siècle) décrit la déception du lieutenant Drogo lorsqu'il vient d'être nommé officier : « C'était le jour qu'il attendait depuis des années, le commencement de sa vraie vie (...) Une fois habillé, il se regarda dans la glace mais sans éprouver la joie qu'il avait espéré comme si l'objet du désir une fois possédé n'était plus désirable ».
Cette expérience illustre l'idée de Bernard SHAW (écrivain irlandais du 19-20è siècle) : « Il y a deux tragédies dans la vie. L'une est de ne pas obtenir ce que l'on désir ardemment et l'autre de l'obtenir » (...)
[...] Il s'invente sans cesse de nouveaux objets du désir pour éprouver l'excitation de la conquête. Selon BACHELARD (20è siècle), la conquête du superflus donne une excitation spirituelle plus grande que la conquête du nécessaire. L'homme est une création du désir, non pas une création du besoin *Remarque: Les modes témoignent de ce jeu subtil et futile qui apparaît comme une nécessité pour l'homme: créer des objets qui suscitent le désir quel qu'il soit et provoquer artificiellement un état de manque. [...]
[...] Selon lui, l'homme est un être imparfait qui ne peut trouver le bonheur qu'en se rapprochant de son créateur. Le désir originel renvoie donc au fait que seul Dieu peut le combler. L'homme cherche désespérément à retrouver le bonheur dont il jouissait lorsqu'il était près de Dieu dans le jardin d'Eden et qu'il a perdu par le péché originel. Il invite les hommes à rentrer dans la religion afin de sauver leur âme qui, sinon, sera vouée à la souffrance et à la vanité des désirs. [...]
[...] Parce qu'il ne peut retrouver ce qu'il a perdu, l'homme désire sans fin, à la recherche d'un bonheur qu'il ne parvient pas à retrouver. L'interprétation de FREUD Selon FREUD, le désir est bien la recherche d'une satisfaction primitive perdue, à savoir, la fusion avec la mère, qui correspond à la période où toutes les demandes étaient immédiatement satisfaites. La finalité du désir serait de retrouver l'état de satisfaction du fœtus, ce qui est bien sur impossible. Cette théorie nous conduit à penser que tous les objets du désir sont des remplaçants provisoires et imparfaits d'un bonheur définitivement perdu. [...]
[...] Toutes les activités humaines sont le fruit du désir lorsque sa force se projette sur un objectif pour l'atteindre. Selon HEGEL (19è siècle), rien de grand ne s'est accompli dans le monde sans passion Si la raison est la boussole, les passions sont les vents écrivait le poète anglais POPE (poète anglais du 18è siècle). Dans Le Banquet, PLATON met en lumière la dimension ambivalente du désir sous la forme d'un mythe qui raconte la naissance du désir (Eros en grec). [...]
[...] *Remarque: On pourrait objecter à Calliclès qu'il confond le bonheur et le plaisir. Le bonheur est un état durable de contentement satisfaction/satisfaire) d'ordre psychologique, tandis que le plaisir renvoie à une satisfaction éphémère (courte dans le temps) et qui se rapporte au corps. Pour PLATON et ARISTOTE, le plaisir n'est pas le critère du bonheur car il y a des plaisirs mauvais et des douleurs bonnes (drogue plaisir mauvais; dentiste douleur bonne). La hiérarchie des désirs La sagesse philosophique repose sur la conviction que la maîtrise de certains désirs permet l'accomplissement d'autres désirs jugés plus nobles. [...]
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