Le but de la philosophie et de la science est la Vérité. Descartes formule un espoir, nouveau en ce début de XVIIème siècle, espoir qui trouve encore écho à notre époque : l'espoir en une science de la nature parfaitement compréhensible pour tout esprit doué de raison, qui permettrait d'expliquer tous les phénomènes observables sans aucune exception. Cette science déboucherait sur une technique capable de « nous rendre comme maître et possesseur de la nature » [Descartes, Discours de la Méthode]
Or, Descartes, à son époque, considère que l'expérience commune, l'expérience quotidienne que l'on a du monde, comme toute l'histoire de la pensée, est truffée d'erreurs et de contradictions. Descartes tente de lutter contre la vanité des pseudos savoirs de son temps (Scholastique, logique aristotélicienne, astrologie...). Il veut établir fermement ce qui s'y oppose, c'est-à-dire la science édifiée par Galilée. Il veut l'établir définitivement, sans aucun doute possible.
Descartes était un philosophe dont la culture scientifique était extraordinaire : il était féru de maths et les considérera comme le modèle de l'excellence scientifique. Il va chercher à comprendre pourquoi les maths paraissent aussi certains. Galilée, déjà, avait déclaré : « la nature est écrite en langage mathématique », ce qui consistait à dire que l'ordre de la Nature est intrinsèquement mathématique. Or, cela suppose que les mathématiques ont une validité générale. Elles peuvent s'appliquer à toute chose... C'est tout le contraire d'Aristote & Platon pour qui seul le Ciel est immuable, donc soumis à l'étude mathématique (Astronomie) ; la matière, vouée à l'accidentalité, ne peut recevoir de détermination géométrique. Le monde matériel, sublunaire, qui nous entoure ne peut recevoir de détermination quantitative. Pour Platon ou Aristote, cela reviendrait à tenter de retrouver le triangle ou toute autre forme géométriquement mesurable dans une simple pierre aux innombrables facettes ! Pour ces philosophes, c'est aberrant et seule une détermination qualitative (chaud, froid, solide, liquide...) peut s'appliquer aux éléments imparfaits qui nous entourent...
Dans tous les domaines, il apparaît donc nécessaire à Descartes de remettre toutes nos connaissances en question, afin de parvenir à un type de vérité indubitable, comme l'a déjà fait selon lui, la science galiléenne.
Descartes remet donc en cause nos sens en tant que source de connaissance. Les sens peuvent nous tromper. Rien de nouveau, Platon a déjà fait cette critique ! Mais l'originalité de Descartes consiste en ce que le doute n'est plus à vocation sceptique mais cognitif. C'est ce que l'on a coutume d'appeler le Doute Méthodique : à savoir : douter de tout, remettre tout ce que l'on croyait en question, non pas pour se complaire dans un scepticisme pathétique, mais pour faire de la place pour une vérité indubitable.
Descartes va même plus loin que les philosophes les plus sceptiques : il remet même en question la validité des mathématiques (= connaissances pures, a priori, non sensibles...) ! On en vient au Doute Hyperbolique (= à grande échelle). Tout peut être erroné : il n'y a qu'à imaginer un « Malin Génie » qui s'amuse à nous tromper, même dans nos connaissances qui paraissent les plus certaines (maths)... (...)
[...] Descartes prend l'exemple de la douleur. La sensation de douleur, en avertissant mon esprit d'un danger imminent, est utile à la préservation de ma vie. Cela montre la puissance et la bonté de Dieu Certes, on peut être trompé par les sens, mais nous devons maintenant croire que mes sens me signifient plus ordinairement le vrai que le faux Le doute est suspendu, neutralisé. Il ne s'agit pas d'accepter toutes nos connaissances sensibles, mais de ne pas les rejeter en bloc, et de les garantir par l'entremise d'une conception claire et distincte. [...]
[...] Ce n'est qu'un dispositif épistémologique qui doit extraire de toutes les données que nous en avons une connaissance exploitable. Il faut ce dispositif pour pouvoir penser le monde, c'est tout ce que veut dire Descartes. Qu'en est-il alors de l'Ame ? Descartes l'a affirmé, elle n'est en rien une Substance Etendue mais Substance Pensante. Aussi, ne se soumet-elle pas aux lois mécaniques, elle est fondamentalement libre. C'est une position dualiste. Le dualisme cartésien se résume à peu près à cela : nous sommes un Corps et une Ame, deux substances opposées, mais qui sont pourtant liées dans l'individu. [...]
[...] Descartes y voit l'intuition dans sa forme la plus pure. Aussi là où il avait écrit Cogito ergo sum, dans sa version latine (1641), il écrira je pense, je suis dans sa version française (1647) pour bien montrer qu'il ne s'agit pas d'une déduction (éviction du donc) mais d'une intuition instantanée (voir Chap 2.1 Atttention ! Cette intuition n'est pas une faculté irrationnelle, elle est saisie de la vérité dans l'instant. Dans ce chapitre, Descartes va se demander qu'est-ce que connaître ? [...]
[...] Il faut donc que je tombe d'accord, [ ] que je ne saurais pas même concevoir par l'imagination ce que c'est que cette cire, et qu'il n'y a que mon entendement seul qui le conçoive, je dis ce morceau de cire en particulier, car pour la cire en général, il est encore plus évident. Descartes, Méditations Métaphysiques, II Parallèle : En 1625 Gassendi écrit à Galilée : Les barrières d'un monde assurément vulgaire sont brisées. L'esprit libéré erre à travers l'immensité de l'espace. [...]
[...] [4ème méditation] Si Dieu nous a créés, on doit nécessairement porter la marque de notre créateur. L'artiste aura laissé son empreinte. Or Dieu est infaillible. Il possède une connaissance infinie, parfaite. Alors comment se fait-il que l'on puisse se tromper ? La 4ème méditation va traiter de cette question. Selon Descartes, l'erreur vient d'un décalage entre Entendement et Volonté. L'entendement seul ne peut faillir. Quelque chose qui nous paraît clair et distinct est nécessairement vrai. [...]
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