Selon Saint Paul dans sa deuxième lettre aux Corinthiens, "La lettre tue, l'esprit vivifie". Qu'est-ce que la lettre ? Dans le texte grec du Nouveau Testament, ce qui est traduit par "lettre" est le mot grec "gramma" qui signifie caractère gravé, "caractère d'écriture". La lettre, c'est donc le texte écrit. Comprendre cette phrase de Saint Paul impliquerait alors que si la "lettre tue", elle nous est inutile voire nuisible et qu'il faut la rejeter pour ne choisir que "l'esprit qui vivifie". Or, l'esprit désigne une réalité insensible qui est immédiatement présente à nous : l'esprit pense, veut, imagine, rêve... Il se confond avec nous dès que nous pensons (...)
[...] Ainsi, de la lettre ou de l'esprit, le choix demeure cornélien. Ainsi, quant à la question de savoir en quoi la lettre correspondait à une traduction de l'esprit, il semble clair que celle-ci devait son existence à l'esprit et constituait un support à celui-ci. Pourtant l'examen des thèses en présence a montré les limites de la lettre en se révélant insuffisante pour retranscrire notre pensée, en proposant une mauvaise interprétation sans la présence de l'esprit pour enfin, révéler une distance par rapport à celui-ci qui supposerait une infidélité de l'écrit par rapport à la pensée. [...]
[...] Ainsi, la lettre ne saurait suffire à traduire l'esprit à tel point que sa portée s'en trouve limitée. En effet, insuffisante pour retranscrire toutes nos pensées, elle révèle une dimension sensible à laquelle on ne saurait se fier sans faire intervenir l'esprit. Enfin, la lettre présente une distance entre le moi et le moi qui écrit, devenant donc, infidèle à notre esprit. Nous verrons enfin que toute la difficulté de la lettre réside dans son interprétation. III. De la difficulté du problème dans l'interprétation de la lettre. [...]
[...] Sans le corps, l'esprit ne peut s'exprimer. L'esprit n'est pas séparé de la lettre, il est contenu et d'abord caché en elle. La lettre est bonne et nécessaire parce qu'elle conduit à l'esprit, elle est son instrument et sa servante. Ainsi la lettre ne peut être oubliée puisqu'elle est comme le chemin indispensable qui conduit à l'esprit vivifiant. Enfin, selon Hegel, c'est dans le mot que nous pensons. Ainsi la lettre fait plus qu'exprimer notre état d'esprit : il le constitue. [...]
[...] La lettre, par exemple, fonde la religion. En effet, dans la religion chrétienne, si Jésus apporte la bonne nouvelle c'est bel et bien les écrits qui ont permis à l'idéologie de se diffuser et de révolutionner l'esprit des hommes : sans la bible, ni les évangiles, notre esprit n'aurait pas été conduit à croire dans une certaine voie. De même, la lettre fonde la justice : elle permet de mettre en place, de créer des lois, des règles à appliquer, à prendre en considération et qui changent notre comportement, conduisant à une décision en accord avec l'esprit. [...]
[...] Ensuite, contrairement à ce qu'énonçait Saint Paul, la lettre ne doit pas être rejeté, elle est nécessaire à l'esprit. En se plaçant dans la mentalité de la primitive Eglise chrétienne, la lettre représente et désigne le texte de l'Ancien Testament, autrement dit la Loi de Moise et les livres des prophètes d'Israël. Ainsi la tradition juive est en jeu ici, à une époque ou la révélation apportée par l'évangile se rependait incitant les gens a abandonner les écritures hébraïques, l'esprit apporté par l'évangile devant suffire à tout Pourtant à la suite de Saint Paul, l'église chrétienne n'a pas cédé à cette tentation et a conservé les livres de la Loi de Moise. [...]
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