Communication / expression
Traditionnellement, si la raison constitue l'essence de l'homme, le langage est considéré comme le propre de l'homme, notamment par Aristote. Parler consistant à exprimer un raisonnement, aussi rudimentaire soit-il, l'absence de raison chez les animaux non humains suffit à comprendre qu'ils ne puissent pas parler au sens strict. Cependant, il y a eu depuis Aristote un certain nombre de découvertes dans l'observation du comportement animal.
Les singes vervets, par exemple, émettent des cris d'alarme différents selon la nature du prédateur : un « aboiement » signale la présence d'un léopard ou d'un carnivore, un râle indique la présence d'un rapace tandis qu'un chuchotement révèle la présence d'un serpent. L'appel concernant les aigles a pour effet de faire tomber comme des pierres les singes perchés au sommet des arbres, pour se réfugier dans des branchages ; l'appel concernant le léopard fait qu'ils se réfugient dans les arbres. Un autre exemple célèbre est la danse des abeilles, observée par l'éthologue K. Von Frisch, permettant à ces dernières d'indiquer à leurs semblables l'existence et la localisation de sources de nourriture.
Le problème est alors de déterminer la nature du langage : peut-il se résumer à la simple communication d'informations ou bien n'y a-t-il de langage qu'à condition d'une pensée rationnelle élaborée ?
[...] De même, lorsque nous essayons de concevoir l'idée de triangle par l'imagination, nous l'imaginerons avec certaines qualités sensibles qui nous éloignent de la véritable idée de triangle : nous n'imaginerons pas le triangle en général, mais tel triangle, de telle taille, telle couleur. La véritable idée générale du triangle, c'est celle qui peut recouvrir non pas tel ou tel triangle, mais tous les triangles possibles. Ce n'est qu'en cessant d'imaginer et en se mettant à en parler que nous pouvons accéder à une telle idée. [...]
[...] Le langage est certes une forme de communication, mais toute forme de communication n'est pas pour autant langage. La communication par signaux physiques divers, notamment les cris ne sont pas encore à proprement parler langage. L'une se contente de transmettre des messages liés aux passions les plus immédiates, tandis que l'autre rend possible la mise en œuvre d'une pensée abstraite et construite ne se contentant plus d'exprimer des désirs, des peurs ou des plaisirs, mais décrivant un environnement et son histoire (récit), argumentant également telle ou telle affirmation en combinant des propositions différentes. [...]
[...] Pas de pensée consciente sans langage Aussi Hegel a été jusqu'à faire du langage la condition même de la pensée consciente. Une pensée inconsciente reste dans l'obscurité tant qu'elle n'est pas énoncée et donc clarifiée par un mot. Il faut en effet que nous fassions de telle idée quelque chose d'extérieur à nous, quelque chose d'objectif, pour pouvoir en prendre conscience. Et cela vaut non seulement pour les idées générales, mais également pour les idées d'individus : tant qu'un être n'est pas capable de se différencier d'une idée qu'il porte en lui donnant un nom, il ne peut prendre clairement conscience de cette idée. [...]
[...] Pourquoi les animaux ne parlent-ils pas ? Pour justifier que les animaux ne parlent pas, l'argumentation de Descartes repose sur la distinction entre les cris qui expriment des passions et les signes vocaux ou gestuels qui expriment des pensées. Un perroquet exprimera son plaisir par des cris qu'on peut distinguer des cris exprimant sa colère, par exemple. Mais une telle expression des états affectifs est foncièrement différente de ce qui se passe lorsqu'on se met à parler d'un état affectif. [...]
[...] Mais le monde animal est fort riche, voyons s'il n'y a pas des cas se rapprochant davantage de ce qu'on appelle langage articulé. La danse des abeilles Les observations de l'éthologie Prenons l'exemple du mode de communication employé par les abeilles. Une abeille ayant trouvé une source de nourriture revient à la ruche et effectue une danse qui permet aux autres abeilles de se rendre à l'endroit exact où la nourriture a été trouvée. Von Frisch a montré que la direction et la durée de la danse indiquent avec exactitude l'endroit où se trouve la nourriture. [...]
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