Introduction à la philosophie, René Descartes, pratique scientifique, science moderne, certitude mathématique, Hegel, réalité des choses, cogito, idéalisme moderne, idée d'infini
Descartes (1596-1650) est un des plus prestigieux philosophes français de l'époque moderne. Il représente toute l'ambiguïté de la philosophie à l'époque florissante des sciences mathématiques et expérimentales. Descartes est homme de sciences et ses théories physiques seront amplement discutées à l'époque. Mais Descartes n'est pas seulement homme de science. Il est philosophe, ce qui signifie qu'il prend un véritable recul par rapport à sa pratique scientifique et tente de la situer dans une conception systématique de la réalité.
[...] Mais s'il ne trompe pas, cela veut dire que les évidences que je trouve en moi renvoient bien à une réalité. Je n'ai dès lors plus besoin de refaire sans arrêt le cogito puisque son évidence m'est assurée dans le temps et a en ce sens une véritable objectivité. Pourquoi le cogito a-t-il maintenant une objectivité ? Il faut se souvenir que la première expérience du cogito dans les Méditations métaphysiques est une expérience immédiate. Le sujet s'éprouve immédiatement lui-même comme sujet pensant, collant à lui, si l'on peut dire. [...]
[...] Hegel dira qu'avec Descartes, on entre dans la terre natale de la vérité. L'homme, selon Hegel, quitte à ce moment un rapport immédiat avec les choses et commence à comprendre qu'il ne peut atteindre la vérité qu'en la cherchant et qu'en prenant distance par rapport à toute expérience immédiate des choses. Descartes n'est cependant pas un pur défenseur de la science, mais un homme qui s'interroge sur les conséquences métaphysiques de la science. Le regard que la science porte sur le monde est en effet très déconcertant. [...]
[...] Tout devient d'une certaine façon motif à douter. Rien n'est établi. Les choses ne sont plus vraiment apparaissantes au sens fort du terme, comme le pensaient Aristote et Thomas d'Aquin. Puis-je encore croire en ce que je vis immédiatement ? Désormais on oppose une conception de la réalité qui s'attache au fonctionnement des choses à une conception naïve qui croit pouvoir se fier au sens commun. Toute la question désormais est celle de savoir comment le sujet peut croire encore aux représentations qu'il se fait des choses. [...]
[...] Il cherche de la réalité dans un monde où tout risque de devenir fable, où la perception semble ne plus avoir de force enseignante. En effet, on utilise des principes mathématiques très abstraits qui "miraculeusement" rendent compte de phénomènes naturels jusque-là restés inaperçus. Le plus invisible vers le haut (les mathématiques) se joint au plus invisible vers le bas (le fonctionnement caché de la nature), comme si, dès lors, la perception des choses, l'ouverture du sujet au monde, son expérience immédiate des choses était court-circuitée, pouvant perpétuellement être mise en doute. [...]
[...] Ainsi puis-je affirmer : Je suis, Je pense. Cette affirmation m'est absolument évidente à chaque fois que je fais l'expérience et aussi longtemps que je la fais. Cette évidence réflexive du sujet pensant se saisissant immédiatement et absolument comme existant est à la source de l'idéalisme moderne. Ce qui garantit l'existence du sujet dans sa pleine réalité (et qui en fait autre chose qu'un fantôme pour lui- même), c'est l'effectivité réflexive de son activité de pensée qui s'éprouve absolument elle-même au moment où elle s'effectue. [...]
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