Philosophie, finitude du sujet, Maine de Biran, Emmanuel Kant, René Descartes, Fichte, Moi conscient, Allemagne, Condillac, réflexion, psychologues, vie du corps vécu, percevoir, effort moteur volontaire, corps
Lorsque l'Allemagne est en train de vivre sa période la plus spéculative avec l'idéalisme des trois grands Allemands, la philosophie en France voit apparaître un penseur d'une rare finesse, Maine de Biran (1766-1824). Biran est soucieux de répondre aux apories anthropologiques du cartésianisme et à la question difficile chez Descartes du rapport de la conscience du corps. Biran est partagé entre une philosophie d'inspiration cartésienne qui part du Je, de l'expérience que ce Je, peut faire de lui-même abstraction de tout rapport au corps, et une philosophie comme celle de Condillac (1715-1780) qui veut faire des sensations corporelles le point de départ de la réflexion.
[...] Le sentiment que mon corps n'est pas un pur objet semblable aux choses qui l'entourent, mais qu'il m'appartient serait lié, pour Condillac, au fait que je peux me toucher, toucher mon corps et éprouver la différence qu'il y a entre le fait de toucher de mon corps et le fait de toucher une autre chose. Biran n'est pas du tout d'accord avec cette thèse. La vraie question n'est que déplacée. Car ma main, en tant qu'elle se meut, est déjà éprouvée comme étant mon corps. La conscience chez Condillac utilise la main pour pouvoir situer et repérer qu'elle est associée à un corps. [...]
[...] L'expérience de la douleur vérifie à l'envers la thèse de Biran. Avoir une forte douleur, c'est faire l'expérience d'une sorte d'intrusion massive des impressions sensibles qui ne peuvent même plus être référées à un sujet qui vit cette douleur. Il y a quelque chose de dépersonnalisant dans la douleur dans la mesure où la douleur neutralise l'expérience d'un corps en mouvement. La différence entre la souffrance et la douleur réside en partie dans le fait que le corps en mouvement permet aux sensations du corps d'être vécues comme les sensations d'un Moi. [...]
[...] En effet, ce que Condillac ne voit pas, c'est que le sujet a un rapport original à son corps en tant qu'il a le pouvoir de se mouvoir. Cette connaissance intérieure du corps comme pouvoir de mouvement dépasse autant la passivité des sensations que l'objectivité de l'appréhension tactile. Biran développe une théorie selon laquelle c'est dans l'effort moteur volontaire que réside le fait primitif du sujet, dont dérivent la vie véritablement humaine et la conscience de soi finie. II. L'effort moteur volontaire Biran répond par sa théorie de l'effort moteur autant à Descartes qu'à Fichte. [...]
[...] On trouve donc dans l'effort moteur volontaire une certaine dualité (ce n'est pas un dualisme) entre la conscience et le corps et une certaine unité (ce n'est pas un monisme) dont le fondement est l'expérience d'une résistance du corps qui ne résiste suffisamment que pour permettre à la conscience de faire l'expérience de soi-même comme un pouvoir de se mouvoir. Biran dit que cet effort moteur est volontaire pour le distinguer du mouvement réflexe du corps. Le corps moteur (le lieu où la conscience devient un Moi et où les sensations sont vécues comme les sensations d'un sujet qui les vit) est donc un certain je peux que je suis. Le mouvement du corps n'est pas connu autrement que par lui-même. [...]
[...] Introduction à la philosophie - La finitude du sujet - Maine de Biran I. Un nouveau rapport entre conscience et corps Lorsque l'Allemagne est en train de vivre sa période la plus spéculative avec l'Idéalisme des trois grands Allemands, la philosophie en France voit apparaître un penseur d'une rare finesse, Maine de Biran (1766-1824). Biran est soucieux de répondre aux apories anthropologiques du cartésianisme et à la question difficile chez Descartes du rapport de la conscience du corps. Biran est partagé entre une philosophie d'inspiration cartésienne qui part du Je, de l'expérience que ce Je, peut faire de lui-même abstraction de tout rapport au corps, et une philosophie comme celle de Condillac (1715- 1780) qui veut faire des sensations corporelles le point de départ de la réflexion. [...]
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