Elle s'exerce dans différents domaines : la religion, la littérature et la morale. La Franc-maçonnerie fera l'objet d'un autre développement. Les influences anglaises, déjà confirmées dans la première moitié du XVIIIe siècle, ne cessent de s'accroître.
Locke, mort en 1704 exerce un pouvoir considérable notamment par ses Lettres sur la Tolérance. Son Essai sur l'entendement humain fait l'objet de traductions dans la deuxième moitié du siècle. Il prêche la tolérance et défend le christianisme en tant que religion satisfaisant aux règles de la raison mais la foi est pour lui un assentiment qu'on donne à toute proposition qui n'est pas fondée sur des déductions de la raison mais sur le crédit de celui qui les propose. Il ne veut pas être suspecté d'indulgence à l'égard des "exaltés".
[...] Lesquels va-t-on retenir en Allemagne ? D'abord Shaftesbury (1671-1713). Le penseur le plus louangeur à son égard est Wieland (un des meilleurs connaisseurs de l'Angleterre) qui est séduit, pas immédiatement d'ailleurs, par la notion de "virtuose." Shaftesbury réagit très fortement contre tout ce qui relève de l'enthousiasme dont il dira plus tard que c'est "une véritable maladie." D'autre part, il s'élève contre les exigences dogmatiques en parfait représentant du déisme. Il propose de revenir à la pensée antique : pour lui, l'homme de l'Antiquité est un homme harmonieux, ayant confiance dans la nature et se laissant porter par elle. [...]
[...] En 1765 paraissent les Poèmes d'Ossian. Le succès de cette poésie à la sentimentalité larmoyante dépasse toutes ses prévisions (le personnage de Werther verse des larmes au seul énoncé du nom d'Ossian). Chateaubriand s'en inspirera : rêveries mélancoliques et cheveux au vent, la nuit et la chouette. Voilà l'auteur dans une situation bien délicate car il ne croit pas qu'il y ait jamais eu une poésie ossianique. Mais Home et Blair y croient, eux, et le poussent à publier tout ce qu'il trouve. [...]
[...] Ses œuvres sont essentiellement connus après sa mort. Son influence sur Voltaire doit être soulignée ; ce dernier va transmettre ses idées (contre le cléricalisme et la théologie) à la cour de France. Mais Bolingbroke désire éviter l'athéisme après avoir rejeté le christianisme. Certes, l'anticléricalisme ne sera jamais aussi répandu au XVIIIe en Allemagne qu'en France car trop de dynasties de penseurs descendent de pasteurs ou sont pasteurs eux-mêmes comme Herder, ecclésiastique à Weimar et Lessing, fils et petit-fils de pasteur, si bien que Bolingbroke et Voltaire seront pratiquement répudiés. [...]
[...] Mais Lessing, lui, aime l'Angleterre, ce qui peut expliquer sa mauvaise foi. Il reproche au théâtre français son côté maniéré, voire sucré, songeant à Marivaux qui représente une France aimable, délicate et tendre qui lui paraît tomber en décadence. Dans leurs tragédies, les Allemands veulent voir et penser davantage que les tragédies françaises ne le permettent : le Français est superficiel, l'Allemand aime ce qui est mélancolique, grand, terrifiant, effroyable et démesuré, à l'image de Shakespeare qui n'est pas sans rappeler le théâtre grec. [...]
[...] Une œuvre littéraire est chargée d'un message. Certes, Shakespeare n'écrit pas de littérature engagée mais il se greffe sur une grave question littéraire : francophobie et anglomanie. Le succès énorme de la culture française en Allemagne, notamment le théâtre, entraîne une réaction de rejet bien normale. On joue trop souvent les auteurs français, même ceux de second ordre. Cette réaction légitime s'associe à une prise de position qui va en profondeur ; en 1750, Lessing parle du caractère propre à un peuple. [...]
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