Introduction à la philosophie, idéalisme allemand, Johann Gottlieb Fichte, Emmanuel Kant, Schelling, savoir intérieur, liberté, autolimitation des libertés, conscience de soi, moi fini, Hegel
L'autre grand penseur de l'idéalisme allemand est Fichte. Fichte est comme l'envers de Schelling. Fichte va tenter de réfléchir à partir de l'exigence kantienne de la vie morale. Il se prétend être le seul véritable lecteur de Kant. Fichte prétend reprendre la question du savoir à partir de la question de la liberté. Kant en effet opposait la connaissance et la liberté. Fichte va quant à lui montrer qu'on peut produire un savoir qui soit précisément ajusté à l'exigence morale de la liberté. Le genre de philosophie que l'on choisit dépend de l'homme que l'on est.
[...] On ne réfléchit pas ici comme les philosophes antiques qui vont poser que l'homme par nature est inscrit dans l'intersubjectivité. On va tenter de comprendre le processus d'autoconstitution des sujets libres dans l'intersubjectivité. Fichte réfléchit bien sûr à partir de philosophies comme celle de Hobbes qui tente de mettre en évidence que les hommes s'unissent et forment un État que par pur intérêt égoïste, par une sorte de mécanique des intérêts égoïstes. Toute la question pour Fichte est de tenter de saisir les conditions de possibilité d'une société qui ne serait pas commandée par cette seule combinatoire des intérêts égoïstes, mais par la décision collective de former une véritable communauté où puisse se réaliser l'idéal de la liberté. [...]
[...] Il y a en a deux et rien que deux, dit Fichte. Ceux pour qui la liberté est plus essentielle que les choses et ceux pour qui les choses sont plus essentielles que la liberté. Ou encore, ceux qui disent que pour être libre, il faut quand bien même être. Et les autres, les vrais hommes libres, qui disent qu'être libre, c'est précisément être capable de ne plus se définir par le monde, par les choses. Tout le travail de Fichte consiste à tenter de construire un savoir métaphysique à partir de cette expérience que le moi fait de son exigence de liberté. [...]
[...] Être un Moi, c'est se saisir comme Moi dans et par la résistance du Non-Moi. Mais on reste pris à ce moment dans une situation où Moi et Non-Moi ne cessent de s'opposer. Or, pour être vraiment un Moi réel, je ne dois pas osciller sans cesse d'un désir illimité d'absorber en Moi tout ce qui n'est pas moi pour subir en retour le choc de la résistance et m'effondrer dans la déception. On n'a pas alors un véritable Moi fini, mais un Moi qui se prend pour un Moi infini et qui fait l'épreuve qu'il ne l'est pas. [...]
[...] L'autre que je rencontre est un Non-Moi. Il n'est pas Moi et je fais l'épreuve de sa résistance. Mais en me limitant devant sa liberté, je lui permets à son tour de se limiter devant ma liberté. Je vais donc postuler que l'autre est libre (qu'il n'est pas un pur animal égoïste) en supposant qu'il va postuler lui-même que je suis libre. Poser l'autre comme libre, c'est poser que l'autre peut me reconnaître comme libre et qu'il peut plus encore reconnaître que je le reconnais libre. [...]
[...] L'autolimitation des libertés Nous retiendrons de Fichte une analyse très originale de la rencontre avec autrui. Bien entendu, il ne s'agit pas pour Fichte de réfléchir sur la façon objective dont les hommes se rencontrent en tant qu'animaux rationnels égoïstes capables d'une série de prestations comportementales. Il s'agit plutôt pour Fichte de comprendre comment la rencontre entre les hommes se conçoit à l'intérieur d'un savoir de l'auto-effectuation de la liberté. On ne conçoit donc pas ici l'homme comme une chose qui a telle ou telle propriété comportementale, mais comme un être qui advient à la liberté morale. [...]
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