L'hypothèse de l'inconscient - Freud

Thèmes abordés

Hypothèse de l'inconscient, Freud, introduction à la psychanalyse, métapsychologie, malaise dans la civilisation, Descartes, Rousseau, Bergson, Nietzsche, Marcel Proust, introspection, transparence à soi, réflexivité, inconscient social, habitus, conscience des autres, pulsions, le ça, mythologie grecque, sexualité, Aristophane, surmoi, vie consciente, blessure narcissique, refoulement, complexe d'oedipe, symptômes, sublimation

Résumé du document

C'est tout le sens de l'entreprise de Freud, c'est la pensée fondamentale de la discipline psychanalytique dont il est le fondateur : la pensée consciente ne constitue pas, à elle toute seule, la totalité de la vie de l'esprit ; la conscience n'est pas ce faisceau lumineux tout puissant qui permettrait d'éclairer comme au grand jour tous les replis de notre âme. La pensée consciente ne représente, en réalité, que la partie émergée d'un plus vaste et insoupçonné ensemble. Il y a des pensées inconscientes, il y a un inconscient, le psychisme humain n'est pas unifié par la conscience, mais scindé en deux, partagé, polarisé selon cette opposition majeure : pensées conscientes et pensées inconscientes.

Extraits

[...] Qu'est-ce que le sentiment de culpabilité, par lequel la conscience morale s'exprime le plus souvent, sinon un auto-dénigrement, un désaveu, un dégoût, un rejet de soi ? La société, donc, ne s'oppose pas frontalement aux pulsions asociales : elle leur offre bien plutôt un débouché, une certaine satisfaction sous la forme de l'hostilité à l'égard de soi-même, tout en neutralisant leurs effets « anarchiques » (l'homme qui se fait honte à lui-même de ses penchants égoïstes est évidemment beaucoup plus fréquentable que le fieffé cynique ) « . [...]

[...] Homo homini lupus : qui aurait le courage, en face de tous les enseignements de la vie et de l'histoire, de s'inscrire en faux contre cet adage ? » Freud, Malaise dans la civilisation La formule latine, attribuée à Hobbes, remonte en réalité à l'auteur comique latin du deuxième siècle avant J.-C. : Plaute. Il y a différents degrés, semble-t-il, dans la méchanceté humaine : on peut utiliser autrui comme moyen (« auxiliaire ») de nos propres jouissances, le traiter en instrument, « l'objectiver », mais on peut aussi tirer du plaisir des souffrances qu'on lui inflige. [...]

[...] Un exemple : l'acte de consommation comme résultant d'un désir, largement inconscient, de distinction. On croit acquérir un produit pour son utilité ou ses qualités intrinsèques et objectives, alors que, essentiellement, on compte sur sa possession pour nous conférer un prestige qui nous mettrait au-dessus du commun des mortels Mais revenons à l'inconscient freudien . Sur la piste de l'inconscient / réponses au scepticisme Qu'il faille, en dépit du caractère paradoxal de la notion de "pensées inconscientes" ("Savoir, c'est savoir qu'on sait." Alain, Les idées et les âges), bien l'admettre, cela résulte de la vertu explicative de celle-ci. [...]

[...] La chose se sera faite en toute discrétion, afin que soit ménagé notre petit confort égotique. (Au nombre des pulsions dont nous devrons nous débarrasser, mais à notre insu, il y a celles que Freud désigne comme constituant le "complexe d'œdipe" : les parents sont, pour l'enfant, les premiers représentants de l'espèce humaine auxquels il a affaire ; c'est pourquoi ce sont les premiers "objets" sur lesquels ses désirs vont trouver à s'investir. La mère deviendra alors un objet d'amour pas du tout désintéressé, et le père un concurrent gênant, venant fâcheusement s'interposer entre l'enfant et l'objet de sa convoitise. [...]

[...] Nous avons déjà repéré quelques-unes de ces méthodes, mais nous ne connaissons pas encore la plus importante apparemment. Nous pouvons l'étudier dans l'histoire du développement de l'individu. Que se passe-t-il en lui qui rende inoffensif son désir d'agression ? Une chose bien singulière. Nous ne l'aurions pas devinée et pourtant point n'est besoin de chercher loin pour la découvrir. L'agression est « introjectée », intériorisée, mais aussi, à vrai dire, renvoyée au point même d'où elle était partie : en d'autres termes, retournée contre le propre Moi. [...]