Il faut d'abord distinguer entre l'étude et l'objet étudié. Pour la biologie on aurait deux noms différents pour l'étude (biologie) et l'objet étudié (le vivant). Or en ce qui concerte l'histoire, c'est le même nom pour l'étude et l'objet étudié : ce n'est pas au même sens du mot histoire que l'on dit que l'on fait de l'histoire ou que cet événement a fait l'histoire, a compté dans l'histoire.
- L'histoire, c'est d'abord l'enquête sur les actions accomplies par les hommes qui s'est constituée en science, la science historique, une discipline à prétention scientifique, qui dégage des lois.
- C'est ensuite l'objet de l'enquête, ce que les hommes ont accompli.
- Mais histoire a aussi le sens de raconter une histoire, c'est-à-dire le sens de récit.
Se demander si l'histoire a un sens, c'est se demander si on peut tire une signification dans l'histoire, ou bien les actions humaines sont elles sans ordre, semblables à un pur chaos événementiel, mais c'est aussi se demander si on peut lire dans l'histoire un sens, une orientation, l'histoire des hommes va-t-elle vers quelque chose, peut-on y lire un progrès ? (...)
[...] C'est cet antagonisme qui fait qu'il y a progrès de l'espèce humaine. (L'histoire progresse par son mauvais côté : Karl Marx) .Parce que le penchant à s'associer, en tant qu'il entre en conflit avec un penchant à se détacher, produit une résistance, et "c'est cette résistance qui éveille toutes les forces de l'homme, le porte à surmonter son inclination à la paresse et sous l'impulsion de l'ambition, de l'instinct de domination ou de cupidité à se frayer une place parmi ses compagnons qu'il supporte de mauvais gré, mais qu'il ne peut se passer." Si l'homme vivait paisiblement, s'il était en accord avec ceux auxquels il est lié, s'il n'y avait aucune contradiction dans leur association, il passerait sa vie comme les bœufs, à ruminer dans la quiétude de l'étable, aucune raison pour qu'un progrès quelconque se manifeste. [...]
[...] L'histoire des sociétés n'est pas comme une histoire naturelle. Lorsqu'on se pose la question d'un progrès moral constant pour l'humanité, il est clair que l'on ne se place pas du point de vue de l'histoire naturelle de l'homme, traitant celui-ci comme une espèce animale comme les autres. La question porte sur l'histoire morale et par-là même elle ne porte pas à proprement parler sur le genre humain en entendant le mot comme fait le naturaliste, mais sur la totalité des hommes, sur la société, sur l'humanité. [...]
[...] Pour Kant, le progrès est et reste une idée, c'est-à-dire un postulat, quelque chose d'indécidable, tout au plus on en recherchera les symptômes. Sous quelles conditions la dite idée reçoit sa plus grande validité, de quel point de vue faut-il se placer pour que l'histoire puisse se dire sous le postulat du progrès, c'est-à-dire manifestation de l'intelligible dans le sensible? Que faut-il supposer pour que l'histoire puisse être envisagée du point de vue d'une idée qui lui donne sens telle qu'elle puisse être envisagée comme réalisant un progrès? Il faut pouvoir envisager l'histoire humaine comme réalisant un plan. [...]
[...] Car nous n'avons jamais, jusqu'à une époque très récente, que des témoignages provenant du point de vue des puissants : les pauvres, les esclaves, les femmes n'avaient pas la possibilité de laisser des témoignages : leur histoire est reconstituée à partir du récit des puissants et c'est d'ailleurs une préoccupation des historiens extrêmement récente de s'intéresser à l'histoire des petites gens, de ceux qui ne font pas l'histoire, ceux qui ne signent pas les traités, mais qui la font sur le terrain. Donc premier élément, on ne :saurait avoir des témoignages objectifs dans les traces qui nous restent parce qu'il y va toujours d'un certain point de vue, celui des puissants. Pour cette première raison, l'histoire ne saurait être parfaitement objective. D'autre part, le fait historique se construit. [...]
[...] On admet qu'il y ait une origine de l'histoire, qu'il n'y a pas toujours eu du temps, de l'homme et puis une fin. Il y a deux moments dans l'origine. A un premier niveau, c'est la création, le moment où Dieu décide que ce soit. A un second niveau, c'est la chute, qui va précipiter les hommes dans l'histoire dont le sens sera de retrouver l'innocence primitive. - Du coup la fin, c'est la rédemption, le rachat de la faute. L'histoire se déploiera comme l'histoire du salut. L'histoire pourra alors se lire en deux sens. [...]
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