L'histoire, en tant que discipline, a connu des difficultés pour se faire reconnaître comme science et ce sont les philosophes de l'histoire - Kant puis Hegel - qui se sont les premiers attachés à souligner l'importance de la connaissance du passé et le caractère historique de l'existence humaine. Car par son action, l'homme a longtemps fait l'histoire sans le savoir, puis il a voulu, par la politique, transformer le monde.
Cet intérêt continu pour l'histoire et son sens, sa fin au sens de finalité, conduit au 20° siècle à un paradigme qui proclame l'avènement de la fin de l'histoire. On pense bien évidemment à Francis Fukuyama mais aussi avant lui à Hegel et Kojève (1902-1968). Ce dernier, grand commentateur de Hegel, n'a cessé de revenir sur la thèse hégelienne selon laquelle "l'histoire est finie". C'est donc à lui qu'on peut attribuer le commencement insistant sur l'idée d'une fin de l'histoire. Mais à travers cette "ère des fins" ne prend-on pas une nouvelle aube pour un crépuscule ? N'y a-t-il pas, face à la réelle difficulté de penser un présent en plein bouleversement (chute du communisme, triomphe du libéralisme) une tentation de combler le vide laissé par l'abandon du matérialisme historique (qui se fondait selon Marx et Engels, non pas sur un monde idéel mais s'enracinait dans l'histoire concrète des hommes et ses déterminismes)
[...] La philosophie de l'histoire La pensée du temps Pour penser le passé, il faut pouvoir disposer d'une représentation du temps. Chez les Grecs, la représentation cyclique du temps, rend difficile la pensée d'un devenir linéaire et orienté et donc la pensée de l'histoire. On fait traditionnellement remonter à la période judéo-chrétienne l'émergence d'une représentation temporelle permettant la pensée de l'histoire. Avec la pensée chrétienne, une conceptualisation linéaire du temps devient possible. Le péché originel situé hors du temps, crée le temps. Avec la chute naît la notion d'historicité. [...]
[...] C'est à cette sorte d'histoire que nous sommes habitués. Elle constitue un travail d'élaboration des matériaux par l'historien et témoigne d'une ambition de compréhension globale. La troisième forme : l'histoire philosophique C'est à cette forme d'histoire que se livre Hegel quand il analyse les progrès de l'esprit ou le processus de l'esprit dans l'histoire. Elle se veut la saisie du sens et de l'intelligibilité en général, non dans tel domaine particulier mais comme histoire concrète de l'Esprit Le troisième sens : fruit d'une action L'histoire désigne enfin, en plus du récit et de la connaissance, les réalisations concrètes des hommes dans le temps. [...]
[...] Les trois sens du mot histoire 1. Le premier sens : récit Une histoire signifie d'abord un récit car l'histoire se raconte comme une histoire. Ce premier sens est que l'histoire populaire traditionnelle n'oublie pas est parfois passé sous silence au profit de la rigueur ou de la méthode de l'historien. L'histoire se raconte, se transmet comme dans la grande tradition orale - celle qui va des mythes à la chanson de geste - où des conteurs la rendaient accessible et vivante. [...]
[...] Elles vont donner un cadre à la pensée de l'histoire. En lieu et place d'une volonté divine, on va trouver une finalité naturelle. C'est le modèle "providentialiste" qui garde dans l'histoire même laïcisée, l'idée d'une orientation téléologique (rapport à la finalité : telos en grec veut dire fin). Dans l'idée d'une histoire universelle du point de vue cosmopolitique de Kant, le dessein de la nature semble remplacer le providentialisme divin, comme si à la place de la destination finale des âmes et du jugement dernier, on trouvait une orientation générale de l'humanité vers le Bien ou le mieux. [...]
[...] Et chez Hegel, le concept de fin de l'histoire ne signifiait pas son terme mais la finalité de ce processus. Une période de crise ou de transition n'est pas un arrêt de l'histoire mais un moment d'un processus général comme la modernité fut ce moment charnière où "le monde a tourné sur ses gonds". Et si l'on analyse bien ce qui est survenu en Europe centrale avec la chute du communisme, on en vient à soutenir non pas l'idée de la fin de l'histoire mais celle du retour en force de l'histoire, ou plutôt de son accélération (dans la mesure où l'histoire ne s'était pas arrêtée, il n'y avait pas eu sortie de l'histoire du fait de la satellisation par l'URSS). [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture