S'interroger ainsi sur la crainte du regard des autres, c'est se demander si nous sommes sensibles - au point de le redouter - au pouvoir moral qu'exercent sur nous nos semblables du fait qu'ils nous observent et nous jugent. Il n'est cependant pas évident qu'une telle crainte soit inéluctable ou même souhaitable. En effet, il apparaît souvent que le jugement du regard des autres soit considéré comme un fait auquel nous serions immanquablement soumis, mais peut-être est-il est bon moralement de ne pas nous y soustraire.
En déterminant si le regard des autres est à craindre, nous saurons la nature et le degré de notre dépendance à son égard et donc, ainsi, l'inconséquence de l'individualisme ambiant qui prétend y échapper tout en accordant une importance extrême à l'image que nous donnons de nous-mêmes. Nous saurons ainsi s'il vaut mieux fuir ou même mépriser le regard des autres ou, au contraire, l'apprécier et le rechercher, en acceptant de l'affronter.
[...] Il me voit, et avec son regard s'opère une métamorphose dans mon être profond : je me vois parce qu'il me voit, je m'appréhende comme objet devant une transcendance et une liberté. Si chaque conscience est une liberté qui rêve d'être absolue, elle ne peut que chercher à transformer la liberté de l'autre en chose passive. Sartre illustre d'abord ce conflit à travers l'expérience du regard. Qu'est-ce qui, en effet, me dévoile l'existence d'autrui, sinon le regard ? Si je regarde autrui, ce dernier me regarde aussi. [...]
[...] Je me vois parce qu'on me voit : mon moi fait irruption. En même temps j'en viens à exister sur le même plan que les objets. Je suis objet d'un regard. Autrui surgit et j'ai un dehors une apparence externe. J'ai une nature qui ne m'appartient pas. Ce que je suis pour autrui (vicieux, jaloux . je ne suis plus libre de l'être. Je suis engagé dans un autre être. Plus jamais je ne pourrai échapper à l'image qu'autrui me tend de moi-même. [...]
[...] Lévinas - ) Enjeux En sachant si le regard des autres est à craindre, nous saurons notre dépendance à leur égard et donc l'inconséquence de l'individualisme ambiant qui prétend nous en exempter. Nous saurons ainsi quelle conduite tenir: vaut-il mieux fuir le regard des autres ou, au contraire, le rechercher, quitte à devoir l'affronter ? Plan détaillé Introduction Lorsqu'on se sait regardé, on se sent mal à l'aise. Cependant on n'aimerait pas que personne ne prête attention à nous. Faut-il craindre le regard des autres ? [...]
[...] C'est la raison pour laquelle Sartre envisage les deux moments. Dans un premier moment, je vois autrui. Imaginons : Je suis dans un jardin public. Non loin de moi, voici une pelouse et, le long de cette pelouse, des chaises. Situation paisible. Le décor est neutre, la trame est inexistante : Un homme passe près des chaises. Je vois cet homme . Finie la quiétude ! Pourquoi ? [...]
[...] Nous saurons ainsi s'il vaut mieux fuir ou même mépriser le regard des autres ou, au contraire, l'apprécier et le rechercher, en acceptant de l'affronter . Pour savoir s'il faut craindre le regard des autres, nous rechercherons d'abord les raisons que chacun pourrait avoir de craindre, en fait et en droit, le regard des autres. Nous chercherons ensuite les raisons que chacun pourrait avoir de ne pas le craindre. Nous pourrons alors rechercher enfin comment assumer au mieux la crainte du regard des autres à la lumière de ce qui aura été découvert de ses dangers et de ses bienfaits. [...]
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