Il semble bien que les progrès de la technique et de son efficience engendrent la peur. Par exemple, Michel Serres (français, contemporain) nous dit que l'on n'est pas sortis de l'ère de la thanatocratie [du grec thanatos, la mort] ; par exemple, les nouvelles énergies sont exploitées à des fins militaires et on constate aussi que la technique prospère d'autant mieux qu'elle est alimentée par les crédits militaires. Par exemple, les progrès de l'informatique sont dus à l'effort financier consenti au service de la bombe, de sa construction et de son utilisation potentielle.
[...] En somme, fuir la technique dans la peur, ce n'est pas poser le problème de la technique ni y répondre. Quant au moratoire, il fait figure de solution magique et il se contente d'esquiver le problème L'écologisme et sa critique L'écologisme est-il une solution ? A la fin des années 1970, l'écologisme est devenu une vision du monde et un mode de vie. On a affaire à une alliance symbiotique qui constitue ce que M. Serre appelle le contrat naturel Il s'agit de poser à l'écologisme la question suivante : qui porte la responsabilité d'une catastrophe écologique ? [...]
[...] Il faudrait alors protéger la nature. Mais que signifie alors protéger la nature et contre quoi exactement la protéger ? La protéger consiste d'abord dans le fait d'éliminer tous les facteurs objectifs de risques comme le nucléaire militaire et civil, le transport des hydrocarbures Protéger la nature, ce serait aussi renoncer au productivisme qui caractérise les deux systèmes économiques et politiques dominants du XXe que sont le capitalisme et le socialisme, qui ne visent que le productivisme. En ce sens, Dumont (philosophe français contemporain) évoque la croissance économique délirante que le monde, libre ou socialiste, a connu, de 1945 à aujourd'hui De même, Michel Henry (philosophe français, contemporain) dans La barbarie dénonce ce qu'il appelle la barbarie technologique Phénoménologie de la peur [Phénoménologie = description] Mais a-t-on raison d'avoir peur ? [...]
[...] Est-ce à dire qu'il n'y a jamais eu de milieu naturel ? Cependant, Friedmann ramène l'opposition du milieu naturel et du milieu technique à la catégorie purement historique, c'est-à- dire que selon lui, il y a une charnière qui apparaît dans l'histoire des sociétés humaines et celle-ci doit être située en Occident, et plus précisément aux Etats-Unis, vers la fin du XVIIIe, c'est-à-dire au moment où les moteurs à énergie naturelle (force animale, vent, eau) se substituent aux moteurs à énergie thermique, électrique et atomique. [...]
[...] Or dans ce cas, on recourt encore à la multiplication des moyens techniques et la mise en œuvre des énergies renouvelables suppose nécessairement des moyens techniques qui peuvent être eux-mêmes agressifs vis-à-vis de la nature. En somme, c'est toujours une technique et une science qui sont mobilisées. On ne peut protéger la nature contre l'agression de la technique qu'en recourant à des procédés qui sont eux-mêmes techniques. Autrement dit, ce que les écologistes oublient ici, c'est qu'on ne peut protéger la nature, voire même comme ils le veulent revenir vers la nature, qu'en compliquant les moyens techniques. [...]
[...] En somme, qui est habilité à dire le droit de la nature ? Dans la nature elle-même, c'est le droit du plus fort qui prévaut toujours et dès lors on ne voit pas comment la nature pourrait elle- même poser la question de son droit (le droit suppose la détermination libre et rationnelle et le respect d'autrui) La responsabilité Nous pensons que si les baleines ne peuvent nous dire quel est leur droit, l'homme au contraire a une responsabilité à l'égard de la nature. [...]
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