A travers le valet emblématique Figaro, le dramaturge Beaumarchais dit : « Boire sans soif et faire l'amour en tout temps, madame, voilà ce qui nous distingue des autres bêtes ».
L'homme est ainsi, par nature, un être de désir, désir lié à l'incessante insatisfaction de ce qu'il possède et même de soi. Le désir devient chez l'homme, la capacité de sa volonté, qui comme nous le montre Beaumarchais recherche souvent l'inutile, au sens d'une nécessité vitale (...)
[...] Même au sein d'un même peuple, d'une même culture, cette idée de désir impossible connaît des divergences. Cela tient à l'inimaginable diversité des destinés humaines (non au sens d'un destin ou d'une fatalité mais des contingences de la vie qui rendent chaque expérience humaine unique). Si tous les hommes sont égaux devant le désir d'immortalité, d'omniscience, etc , certains seront plus aptes à mener leur vie selon cet objectif. Un homme qui chaque jour travaille avec labeur pour nourrir sa famille ne pourra pas autant se cultiver qu'un milliardaire qui vit sur ses rentes. [...]
[...] Cette notion de désir impossible serait-elle relative ? Dans ce cas son absurdité ou non serait elle même relative. Nous allons ainsi voir dans cette ultime partie que l'impossibilité d'un désir peut être liée au temps, mais aussi à la culture et à la morale de chaque individu. En effet, désirer l'impossible aujourd'hui n'est pas forcément désirer l'impossible demain, ce qui tient principalement aux progrès incessants de la science. Combien d'esclaves rêvaient de liberté sous l'Antiquité grecque sans que pour autant cela leur vienne à l'esprit qu'ils pourraient être libres un jour ? [...]
[...] Ne devrions nous pas plutôt désirer le désirable ? Dans cette deuxième partie, nous allons ainsi nous laisser guider par les quelques questions précédentes, pour finalement se demander si le bonheur n'est pas plutôt dans le désir lui-même plutôt que dans sa satisfaction passagère, ce qui rejetterait l'idée d'une éventuelle absurdité d'un désir impossible, car il prendrait là tout son sens. En effet, la mise en œuvre d'une quête d'un désir impossible peut et doit ne pas être absurde puisque celle-ci peut donner lieu à une vie conduite par cet objectif, tel un chevalier du Moyen- Âge en quête du Saint Graal. [...]
[...] Nous nous approchons ainsi d'une réponse à la question : Est-il absurde de désirer l'impossible ? Désirer ce qui dépend de nous, donc le possible, ne s'avère pas être une solution comme nous l'avons vu. Pour reprendre une comparaison déjà établie par un philosophe, si tous nos désirs étaient tout de suite satisfaits, nous aurions bientôt peur de désirer, comme d'entrer dans le feu. C'est donc que nos désirs immédiats, liés à notre instinct animal, ne sont pas raisonnables, d'où la nécessité d'un désir impossible qui soit honnête, à l'image de ce qu'un homme peut avoir de plus précieux : des vertus morales qui diffusent le bien autour de soi et non seulement pour soi. [...]
[...] La philosophie, littéralement amour de la sagesse témoigne bien d'un désir impossible de l'homme : celui d'être sage. Impossible car l'homme peut-il prétendre à la sagesse, c'est à dire à l'art de vivre heureux et surtout d'en être digne ? Cela supposerait une vertu morale extraordinaire, au sens ou, comme le pense Kant la morale doit être considérée comme la doctrine qui enseigne comment nous devons être digne du bonheur Il serait ainsi bien prétentieux de la part d'un homme de prétendre être sage, c'est à dire selon Aristote ne relever que de soi. [...]
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