Si l'on qualifie aujourd'hui les sociétés médiévales d'obscurantistes sous prétexte que leurs croyances étaient infondées et absurdes, c'est parce que nous savons qu'une mauvaise récolte, un tremblement de terre, une sécheresse ou un ouragan ne sont pas dues à la vengeance d'un dieu
quelconque que l'on aurait oublié d'honorer, mais à l'interaction de divers phénomènes naturels. Les scientifiques sont effet en mesure, aujourd'hui, de remonter le filon de cause en cause pour nous expliquer ces phénomènes, voire même de les prévoir grâce aux progrès de la science. Mais cela ne
signifie pas que les croyances, dans nos sociétés on ne peut plus rationnelles, aient disparu. Qu'il s'agisse de la croyance en son horoscope, de la croyance en Dieu ou de la croyance en la liberté, les croyances ne sont pas absentes – loin de là – et son visibles dans des sphères diverses et variées. Il s'agit ici d'analyser la force de ces croyances, et notamment de rechercher les facteurs qui expliquent cette force. Mais le problème posé par le sujet tient essentiellement aux différents manières d'analyser le terme « force », ce qui mène également à s'interroger sur l'expression « qu'est ce qui fait ». Cette expression peut en effet représenter les causes de la force, mais elle peut aussi désigner de simples caractéristiques de la croyance, qui en font la force. La force quant à elle, peut représenter différentes choses que nous préciserons dans le développement. Qu'est ce qui fait la force d'une croyance ?
[...] Qu'est ce qui fait la force d'une croyance ? Cette interrogation aux multiples facettes nous mène dans un premier temps à analyser la force en tant que justification, crédibilité du sujet qui croit. La force représente aussi sans aucun doute l'intensité, l'encrage de la croyance : c'est ce qui sera analysé dans un second temps. Enfin, dans un troisième temps, il conviendra d'employer le terme force en tant que valeur de la croyance. Partie 1 : Les croyances ont une force dès lors que la science n'explique pas tout. [...]
[...] Le danger de la croyance initiale intense qui s'érige en vérité est bien entendu que l'individu qui la détient ne devienne pas l'homme conscient de sa croyance, ne se remette donc pas en question et érige sa croyance en vérité absolue. Cette attitude débouche sur le fanatisme religieux. Selon l'analyse d'E.M. Cioran en effet, dans Précis de décomposition, un individu, dès lors qu'il a une croyance, veut l'impose aux autres ; s'il n'y parvient pas, il emploiera la force. E.M. Cioran met aussi en évidence que tous les maux de l'Histoire peuvent être attribués aux confrontations des différentes croyances qui s'érigent en vérités. En témoignent par exemple les guerres de religion, ou, plus récemment, les attentats de fanatiques intégristes. [...]
[...] Cette interrogation est d'ailleurs à la source de la recherche philosophique. Il faut bien admettre une cause première à l'existence de l'Homme sur la Terre, qui ne peut pas résulter d'un simple hasard. Et comment la perfection du métabolisme humain peut-elle être l'œuvre d'un simple hasard ? Comment la complexité du monde naturel, l'abeille qui féconde la fleur sans le savoir, la fleur qui donne un fruit .peut-elle résulter d'un coup de chance ? Voilà autant d'éléments qui permettent de justifier l'existence des croyances, c'est-à-dire qu'on ne peut pas les condamner, elles s'imposent, ce qui fait leur force. [...]
[...] On remarquera par ailleurs que cette force peut être dangereuse. Il convient tout d'abord d'en analyser les facteurs. La forte intensité d'une croyance résulte dans un premier temps non pas de raisons, mais de causes, c'est-à-dire que l'individu n'est pas conscient que sa croyance est une croyance. On peut citer ici l'exemple (quelque peu caricatural et dépassé) d'un enfant né dans un milieu ouvrier, pour qui seul le communisme est la bonne voie à adopter pour faire avancer une société ; et un enfant né dans un milieu bourgeois, pour qui le libéralisme économique est sans aucun doute la meilleure solution pour parvenir au même but. [...]
[...] Partie 3 : C'est en effet le caractère louable qui fait la force d'une croyance, en son plus beau sens du terme, car elle est sans danger et facteur de progrès. (Du moment qu'elle se sait être une croyance, sinon elle risque elle aussi de tomber dans le fanatisme.) Il convient tout d'abord de faire une critique de la superstition au sens où on l'entend actuellement. Alain, dans un chapitre des Propos relatifs à la croyance, met ainsi en garde contre les mages, les visionnaires, qu'il qualifie de charlatans qui prédisent l'avenir à une personne qui les consulte. [...]
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