La lettre à Ménécée contient la morale épicurienne ; un préambule montre la nécessité de philosopher pour être heureux (§ 122). Puis, on trouve les quatre remèdes pour la vie heureuse : contre la crainte des dieux (§ 123-124), contre la crainte de la mort (§ 124-127), la doctrine du plaisir (§ 127-130) et la doctrine de l'autarcie (§ 130-132). La conclusion résume ces conseils (§ 133) (...)
[...] Il n'est pas question de chercher à tout prix n'importe quel plaisir. Il faut distinguer les plaisirs en classant les désirs : les désirs naturels nécessaires (boire, manger, philosopher, s'abriter) sont à satisfaire ; les désirs naturels non nécessaires (par exemple : choisir un plat raffiné) sont à satisfaire exceptionnellement ; les désirs non naturels non nécessaires (les honneurs, les richesses) sont à fuir parce qu'ils apportent plus de peine que de plaisir. L'épicurisme présente donc une économie subtile du plaisir et de la douleur : on ne doit pas rechercher tout plaisir, car certains plaisirs procurent de plus grandes douleurs et certaines douleurs apportent finalement un plaisir. [...]
[...] 3/4 III L'autarcie C'est un grand bien à notre avis que de se suffire à soi-même 130). Par là, le sage s'élève au-dessus de la matière et se fait l'égal des dieux. Il faut s'habituer à vivre de peu, à ne satisfaire que les désirs naturels et nécessaires ; pour le quotidien, du pain, de l'eau, une vie frugale ; les mets raffinés en seront d'autant plus appréciés exceptionnellement. Prévenant la caricature de sa doctrine, Epicure insiste pour rappeler qu'il ne s'agit pas de s'adonner à la jouissance sans freins, mais de préférer les plaisirs réglés. [...]
[...] Vis caché conseillait Epicure ; il faut se détourner de la vie publique pour éviter tout conflit, toute dépendance et s'entourer simplement d'amis i.e. l'absence de souffrance du corps. i.e. l'absence de tension de l'âme. 4/4 Lire les paragraphes 126-127 qui définissent le réalisme du sage épicurien, opposé à la foule, aux fatalistes et aux pessimistes. [Contrairement à l'image scandaleuse de l'épicurisme au Moyen Âge (on parlait de pourceaux d'Épicure la morale épicurienne réclame une ascèse (une vie exigeante dans l'abstinence) ; c'est un hédonisme3 rigoureux. [...]
[...] Mais le christianisme l'a brutalement rejeté ; en effet, l'épicurisme ne promet aucune vie après la mort (l'âme matérielle est mortelle) et son matérialisme fondamental est inacceptable pour une doctrine religieuse. L'épicurisme reparaîtra au XVIe siècle, chez Montaigne, pour une courte période. L'atomisme, quant à lui, aura plus de succès auprès des hommes de sciences (par exemple, avec Gassendi au XVIIe siècle).] NOTA BENE : Édition étudiée : ÉPICURE, Lettres, traduction O. Hamelin, notes et commentaires J. Salem, Paris, Nathan L'hédonisme est la théorie qui fait du plaisir le principe de la vie morale. [...]
[...] La crainte de la mort : comment mettre fin à la crainte que nous inspire la mort ? En démontrant que la mort n'est rien pour nous Pendant la mort, nous sommes privés de sensibilité, donc nous ne pouvons pas souffrir ; après la vie, étant morts, nous ne connaîtrons rien qui pourrait nous faire souffrir ; avant la mort, il n'y a 2/4 rien à craindre en l'attendant, puisque nous ne la vivons pas. Ainsi, de tous les maux qui nous donne le plus d'horreur, la mort, n'est rien pour nous, puisque tant que nous existons nous-mêmes, la mort n'est pas, et que, quand la mort existe, nous ne sommes plus. [...]
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