"Le philosophe sait que ce mot vient du latin pater". Et c'est donc sur cette étymologie que se fonde l'article "Patrie" de l'Encyclopédie, ou Dictionnaire raisonné des Sciences, des Arts et des Métiers. Cet article est l'oeuvre de Louis de Jaucourt, l' "esclave de l'Encyclopédie", pour laquelle il a rédigé près de 18 000 articles sur les 72 000 qui la composent. Né en 1904 à Paris, ses études le menèrent à Genève, Cambridge puis aux Pays-Bas et il apprit notamment la médecine, la théologie et les sciences exactes et naturelles. C'est seulement à son retour à Paris en 1736 qu'il rencontra d'Alembert qui l'invita à travailler à L'Encyclopédie (...)
[...] C'est seulement à son retour à Paris en 1736 qu'il rencontra d'Alembert qui l'invita à travailler à l'Encyclopédie. Décrit par Voltaire comme un homme au-dessus des philosophes de l'Antiquité, en ce qu'il a préféré la retraite, la vraie philosophie, le travail infatigable, à tous les avantages que pouvait lui procurer sa naissance et comme un homme à coté duquel on ne peut parler plus savamment, et avec plus d'impartialité il est était un disciple de Montesquieu dont on retrouve l'influence dans tous ses articles. [...]
[...] Vivre pour la Patrie La patrie, pour les Grecs et les Romains, était une terre que tous les habitants sont intéressés à conserver, que personne ne veut quitter Pourquoi ne veut-on pas la quitter ? Parce qu'on n'abandonne pas son bonheur ; on retrouve bien l'idée que la patrie est indissociable du bonheur des peuples. La patrie se retrouve comme un cadre transcendant qui recouvre toutes les facettes de la vie sociale. Les individus vivent pour la patrie, car elle réunit les conditions de leur existence libre. [...]
[...] Le sentiment patriotique se mêle dans les descriptions de Jaucourt au sentiment religieux, au sacré. Il produit des héros et par héroïsme l'auteur entend ces qualités citoyennes, cette vigueur de l'âme qui nous fait faire et souffrir de grandes choses pour le bien public comme lorsque Regulus, fait prisonnier par les Carthaginois et envoyé par ces derniers à Rome pour traiter du rachat des prisonniers et de la paix, dissuada lui-même ses concitoyens de céder à l'ennemi et retourna à Carthage où il périt après avoir subi d'affreuses tortures. [...]
[...] L'article qui nous intéresse est donc celui qui traite de la Patrie un terme cher aux Lumières après sa remise au goût du jour par Rousseau. Mais comment dans la vision des Lumières et du chevalier de Jaucourt, la notion de Patrie s'inscrit-elle dans l'apologie d'un système politique idéale et d'une harmonie des comportements individuels au sein de la société ? Pour répondre à cette question, nous montrerons dans un premier temps que l'article Patrie consacre un type de gouvernement idéal sans lequel la Patrie ne peut exister, puis nous verrons comment, une fois que les gouvernants s'attachent à assurer le bonheur de leur peuple, se manifeste l'esprit patriotique. [...]
[...] De même dans la Rome de Tibère la patrie ne put être conservée, car le pouvoir et l'argent se trouvaient concentrés entre quelques mains, les principes du gouvernement étaient corrompus et chaque citoyen, soumis à l'oppression et à l'arbitraire, se trouvait contraint de laisser le bien général, pour ne s'occuper que du sien Autrement dit pour qu'un citoyen puisse se consacrer à la patrie, il faut que soit assurées par le régime sa tranquillité d'esprit et sa liberté politique. Jaucourt s'inspire également ici, comme dans une grande partie de l'article, de la pensée de l'Abbé Coyer, précepteur du Prince de Turenne. Celui-ci utilisait une métaphore qu'il convient d'explorer : La patrie ressemble à une grande pièce d'étoffe assez grande pour couvrir tout un peuple. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture